Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/43

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étroit de cette existence active et cachée qui ne mesurait pas une lieue de rayon. Aux Trembles, il recevait peu, sinon quelques voisins de campagne, venus pour chasser des extrêmes limites du département, et le docteur et le curé de Villeneuve, pour lesquels il y avait le dîner régulier des dimanches.

Quand il avait, dès son lever, expédié les affaires de la commune, s’il lui restait une heure ou deux pour s’occuper de ses propres affaires, il donnait un coup d’œil à ses charrues, distribuait le blé des semailles, faisait livrer le fourrage, ou bien il montait à cheval, lorsqu’une nécessité de surveillance l’appelait un peu plus loin. À onze heures, la cloche des Trembles annonçait le déjeuner : c’était le premier moment de la journée qui réunît la famille au complet et mît les deux enfants sous les yeux de leur père. L’un et l’autre apprenaient à lire, modeste début surtout pour un garçon dont Dominique avait, je crois, l’ambition de faire la réussite de sa propre vie manquée.

L’année se trouvait giboyeuse, et nous passions la plupart de nos après-midi à la chasse, ou bien nous faisions dans ces campagnes nues une promenade rapide, sans autre but le plus souvent