Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/50

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avec la même plénitude de vie, la même exactitude dans les loisirs et dans le travail. Les seuls accidents domestiques dont j’eusse encore été témoin, c’étaient, pour ainsi dire, des accidents de saison qui troublaient la symétrie des habitudes, comme par exemple un jour de pluie venant quand on avait pris quelques dispositions en vue du beau temps.

Ces jours-là, Dominique montait à son cabinet. Je demande pardon au lecteur de ces menus détails, et de ceux qui vont suivre ; mais ils le feront pénétrer peu à peu, et par les voies indirectes qui m’y conduisirent moi-même, de la vie banale du gentilhomme fermier dans la conscience même de l’homme, et peut-être y trouvera-t-on des particularités moins vulgaires. Ces jours-là, dis-je, Dominique montait à son cabinet, c’est-à-dire qu’il revenait de vingt-cinq ou trente ans en arrière, et cohabitait pour quelques heures avec son passé. Il y avait là quelques miniatures de famille, un portrait de lui : jeune visage au teint rosé, tout papilloté de boucles brunes, qui n’avait plus un trait reconnaissable, quelques cartons étiquetés parmi des monceaux de papiers, et une double bibliothèque, l’une ancienne, l’autre entièrement moderne, et qui manifestait par un certain choix