Page:Fromentin - Dominique, 1863.djvu/98

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

autant. Bon courage et bonnes chances ! Vous les avez toutes pour vous. »

À peine était-il installé sur la haute banquette que le postillon rassembla les rênes.

« Adieu ! » me dit-il encore avec une expression moitié tendre et moitié radieuse.

Le fouet du postillon cingla les quatre chevaux d’attelage, et la voiture se mit à rouler vers Paris.

Le lendemain, à huit heures, j’étais au collége. J’entrai le dernier pour éviter le flot des élèves et ne pas me faire examiner dans la cour de cet œil jamais tout à fait bienveillant dont on regarde les nouveaux venus. J’y marchai droit devant moi, l’œil fixé sur une porte peinte en jaune, au-dessus de laquelle il y avait écrit : Seconde. Sur le seuil se tenait un homme à cheveux grisonnants, blême et sérieux, à visage usé, sans dureté ni bonhomie.

« Allons, me dit-il, allons un peu plus vite. »

Ce rappel à l’exactitude, le premier mot de discipline qu’un inconnu m’eût adressé, me fit lever la tête et le considérer. Il avait l’air ennuyé, indifférent, et ne songeait déjà plus à ce qu’il m’avait dit. Je me rappelai la recommandation d’Augustin. Un éclair de stoïcisme et de décision me traversa l’esprit.