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souvenirs d’une actrice.

me demandait, j’entendais répéter à tout le monde : « Ah ! si Millin était là, il nous les dirait lui, car il les sait tous, il faut l’attendre. »

Je ne connaissais pas alors M. Millin ; je crus que c’était un de nos beaux chanteurs de société, le coryphée des amateurs, et j’étais impatiente de le voir arriver, lorsqu’on s’écria : « Ah ! le voici ! » Je vis entrer un petit homme fort laid ; et lorsqu’il voulut indiquer l’air du vaudeville qu’on lui demandait, je crus entendre chanter polichinelle. Il me prit un tel fou rire, que je fus obligée de me sauver dans la pièce voisine : il courut après moi d’un air enchanté.

— Ah ! ne vous gênez pas, me dit-il, madame, riez tout à votre aise ; c’est toujours l’effet que produit ma voix lorsqu’on l’entend pour la première fois.

Je m’excusai de mon mieux et la répétition continua. M. Millin jouait un rôle de bailly et je jugeai promptement qu’il était aussi mauvais acteur que mauvais chanteur.