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souvenirs d’une actrice.

portait l’empreinte de ce premier enthousiasme qui faisait croire à ces jeunes gens que la grandeur romaine allait renaître. On ne jouait au Théâtre-Français-Richelieu que les tragédies de Brutus, la Mort de César, Virginie, ou d’autres ouvrages nouveaux dans le même genre, Caïus Gracchus, Epicharis et Néron ; à l’Opéra, Miltiade à Marathon, Horatius Coclès. Il fallait bien s’instruire pour comprendre ce qui se passait autour de soi. Les femmes s’occupaient de l’histoire, dont beaucoup parmi elles, moi la première, se souvenaient à peine d’avoir fait quelques extraits dans leurs études premières. Mais quand les proscriptions de Brutus et de Sylla, n’eurent que trop d’imitateurs, nous apprîmes ce siècle par un triste parallèle. Les années 1792, 93, 94 surtout, par les malheurs qu’elles traînaient à leur suite, portaient notre esprit vers l’histoire romaine. M. Millin dirigeait mes lectures, mais j’avoue que je préférais l’histoire grecque. Ce siècle de Périclès m’enchantait. Anacharsis, l’ouvrage du docteur Paw, les comédies de Plaute, de Ménandre, étaient mes lectures favorites.