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souvenirs d’une actrice.

celles qui en sont malheureusement atteintes, mais qui fatiguent bientôt celui qui en est l’objet. C’était pour un jeune jurisconsulte d’une figure et d’une tournure agréables, homme d’esprit, de goût, et enthousiaste du talent de cette charmante actrice.

Leur liaison dura longtemps, mais enfin M. Allard se lassa tellement de l’exigence de sa maîtresse, de cet esclavage de tous les instants qui l’arrachait à ses études, à sa société habituelle, qu’il songea sérieusement à s’en affranchir. Il employa tous les moyens capables d’amener une rupture sans trop d’éclat, mais ce fut inutilement. Il feignit une absence dont elle devina promptement le motif ; elle écrivit lettres sur lettres. Il prit le parti de ne plus répondre à ses continuelles doléances, à ses reproches sans fin. L’on est cruel lorsqu’on n’aime plus. Quelques semaines se passèrent sans qu’il entendît parler de sa jalouse amante ; il espérait que la fierté était enfin venue en aide à l’amour outragé ; dans d’autres moments cependant il craignait qu’elle n’eût succombé à l’excès de sa douleur, car il ne la voyait plus annon-