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souvenirs d’une actrice.

delmone et dans celui de Saléma d’Abufar, qu’elle était entraînante. Talma, qui avait alors toute la verdeur de la jeunesse, toute la fougue des passions, faisait un contraste parfait avec elle ; aussi, dans leur scène de jalousie, ces deux mots si simples : «  Hédelmone, — Othello,  » produisaient-ils toujours un grand effet, et dans son récit, lorsqu’elle lui dit que son père l’a menacée de se tuer à ses yeux si elle ne signait ce billet,


…J’ai signé.
— Sans lire ?
— Oui ! sans lire.


ce peu de mots avait un accent si vrai, si persuasif, qu’on se sentait indigné que le jaloux Othello ne fût pas convaincu.

Mademoiselle Desgarcins a fait naître des passions très vives, et j’en suis peu surprise ; elle devait faire passer dans l’âme ce qu’elle exprimait si vivement. Notre grand acteur s’était lui-même inspiré de son amour pour la touchante Hédelmone ; plus tard, à son tour, elle éprouva une de ces passions qui peuvent porter aux dernières extrémités