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souvenirs d’une actrice.

passer quinze jours en Écosse pour régler quelques affaires, je partis avec eux.

Je me faisais un grand plaisir de voir les montagnes d’Écosse, et surtout cette grotte de cristallisation où les yeux se fatiguent à découvrir les objets qui se multiplient à mesure qu’on les fixe. Le ciseau du sculpteur, le pinceau du peintre le plus habile, ne pourraient qu’imparfaitement les imiter. Comment rendre la délicatesse de ce travail de la nature, ces arceaux, ces portiques, ces colonnes, ces découpures, qui ont dû servir de modèles aux hommes, lorsqu’ils ont voulu construire les premiers temples ? Plus on examine avec attention, plus on y découvre de chefs-d’œuvre nouveaux.

C’est dans ces montagnes d’Écosse qu’on aime à lire les poésies d’Ossian. J’avais avec moi les traductions de Baour de Lormian et les imitations de Chénier sur les chants de Morven, de Selma. À l’âge que j’avais alors, l’imagination est si fraîche et si brillante, qu’elle nous identifie aux lieux où nous sommes ! La poésie, la musique, nous électrisent,