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souvenirs d’une actrice.

et l’on se sent transporté au-delà de soi-même. Je conçois que, l’imagination ainsi excitée, les arts puissent enfanter des chefs-d’œuvre !

Je fus bientôt ramenée sur la terre par une lettre que je reçus de France. On nous apprenait les mesures sévères adoptées non-seulement contre les émigrés, mais contre leurs familles, et le temps limité qu’on accordait pour rentrer en France. Je ne me serais jamais consolée d’une inconséquence qui aurait pu compromettre la tranquillité de mes parents ; je me décidai donc à partir sur-le-champ. Comme mes amis avaient terminé leurs affaires et qu’ils craignaient d’ailleurs de trouver quelque difficulté à rentrer eux-mêmes à Boulogne, où ils comptaient se fixer quelques années, nous revînmes ensemble, et le frère de lady Montaigue nous accompagna. Par le plus grand bonheur, mon absence fut inaperçue. Boulogne, dans ce moment, était la ville où l’on pouvait le plus facilement aller et venir, sans être presque remarqué.

Nous passâmes par Dunkerque ; mais les événe-