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9â LIVRE II. LA FAMILLE.

pliquerait pas sans lui. Comment une famille aurait-elle pu arriver à contenir plusieurs milliers de personnes libres, comme la famille Claudia, ou plusieurs centaines de combattants, tous patriciens, comme la famille Fabia, si le droit d'aînesse n'en eût maintenu l'unité pendant une longue suite de généra- lions et ne l'eût accrue de siècle en siècle en l'empêchant de se morceler? Ce vieux droit d'aînesse âe prouve par ses conséquences et, pour ainsi dire, par ses œuvres.

Il faut d'ailleurs bien entendre que le droit d'aînesse n'était pas la spoliation des cadets au profit de l'aîné. Le code de Manou en explique le sens quand il dit : « Que l'aîné ait pour ses jeunes frères l'affection d'un père pour ses fils, et que ceux-ci à leur tour le respectent comme un père ». Dans la pensée des anciens âges, le droit d'aînesse impliquait toujours la vie commune. Il n'était au fond que la jouissance des biens en commun par tous les frères sous la prééminence de l'aîné. Il représentait l'indivision du patrimoine comme l'indivision de la famille. C'est en ce sens que nous pouvons croire qu'il a été en vigueur dans le plus antique droit de Rome, ou au moins dans ses mœurs, et qu'il a été la source de la gent romaine *.

��CHAPITRE Vin.

L'aatorîté dans la famIUs.

t«* Principe et nature de la puissance paternelle chez les anciens.

La famille n'a pas reçu ses lois de la cité. Si c'était la cité qui eût établi le droit privé, il est probable qu'elle l'eût

1. La Tieille langue latine a conserré an vestige de eette indÏTision qui, si faible qu'il soit, mérite pourtant d'être signalé. On appelait tors un lot de terre, domaine d'une famille; sors patrimonium significat, dit Festus; le mot corisortes se disait donc de eeui qui n'avaient entre eux qu'un lot de terre et vivaient sur le Bème domaine ; or la vieille langue désignait par ce mot des frères et même des

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