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118 LIVRE II. LA FAMILLE.

aux esprits, ou elle devait être écartée comme une pensée coupable.

Dans les problèmes difficiles que Thistoire offre souvent, il est bon de demander aux termes de la langue tous les en- seignements qu'ils peuvent donner. Une institution est quelque- fois expliquée par le mot qui la désigne. Or, le mot gens est exactement le même que le mot genus, au point qu'on pouvait les prendre l'un pour l'autre et dire indifféremment genê Fabia et genus Fahium^\ tous les deux correspondent au verbe gignere et au substantif genilor, absolument comme ■^l'ioi correspond à i-ewâv et à ■^oviiq. Tous ces mots portent en eux l'idée de filiation. Les Grecs désignaient aussi les mem- bres d'un Y^voç par le mot Siioy^XaxTEç, qui signifie nourris du même lait*. Que l'on compare à tous ces mots ceux que nous avons l'habitude de traduire par famille, le latin familia, le grec oTxoç, Ni l'un ni l'autre ne contient en lui le sens de géné- ration ou de parenté. La signification vraie de familia est propriété ; il désigne le champ, la maison, l'argent, les es- claves, et c'est pour cela que les Douze Tables disent, en parlant de l'héritier, familiam nancitor, qu'il prenne la succes- sion. Quant à oTxoç, il est clair qu'il ne présente à l'esprit aucune autre idée que celle de propriété ou de domicile. Voilà cependant les mots que nous traduisons habituellement par famille. Or, est-il admissible que des termes dont le sens intrinsèque est celui de domicile ou de propriété aient pu être employés souvent pour désigner une famille, et que d'autres mots dont le sens interne est filiation, naissance, paternité, n'aient jamais désigné qu'une association artifi- cielle ? Assurément cela ne serait pas conforme à la netteté et à la précision des langues anciennes. Il est indubitable que les Grecs et les Romains attachaient aux mots gens et Y^vo; l'idée d'une origine commune. Cette idée a pu s'effacer

��1. Tite-Lire, H, 46 : genu» Fabiwn,

3. Pbilocbore, dans les Fragm. hitt, grsec, 1. 1, p. S99 : ttvHItct, •( b wQ «Vi«l

VIII, 11 : ol futijovitf w9 TivflVf, ftw^TC^Hil ô|ia|dXwtiH.

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