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CHAP. X. LA GENS A ROME ET EN GRÈCE. 11&

quand la gens s'est altérée, mais le mot est resté pour oo porter témoignage.

Le système qui présente la gens comme une association factice a donc contre lui : 1° la vieille législation qui donne aux gentiles un droit d'hérédité ; 2° les croyances religieuses qui ne veulent de communauté de culte que là où il y a com- munauté de naissance ; 3* les termes de la langue qui attestent dans la gens une origine commune. Un autre défaut de ce système est qu'il suppose que les sociétés hujmaines ont pu commencer par une convention et par un artifice, ce que la science historique ne peut pas admettre comme vrai.

��S» La gens est la famille ayant encore son organisation primitive et son unité.

Tout nous présente la gens comme unie par un lien de naissance. Consultons encore le langage : les noms des gentes, en Grèce aussi bien qu'à Rome, ont tous la forme qui étaiS usitée dans les deux langues pour les noms patronymiques. Claudius signifie fils de Clausus, et Butadès fils de Butés.

Ceux qui croient voir dans la gens une association artifi- cielle partent d'une donnée qui est fausse. Ils supposent qu'une gens comptait toujours plusieurs familles ayant des noms divers, et ils citent volontiers l'exemple de la gens Çor- nélia, qui renfermait en effet des Scipions, des Lentulus, des Cossus, des Sylla. Mais il s'en faut bien qu'il en fût toujours ainsi. La gens Marcia paraît n'avoir jamais eu qu'une seule lignée; on n'en voit qu'une aussi dans la gens Lucrétia, et dans la gens Quintilia pendant longtemps. Il serait as- surément fort difficile de dire quelles sont les familles qui ont formé la gens Fabia, car tous les Fabius connus dans l'histoire appartiennent manifestement à la même souche; tous portent d'abord le même surnom de Vibulanus; ils le changent tous ensuite pour celui d'Ambustus, qu'ils rem- placent plus tard par celui de Maximus ou de Dorso.

On sait qu'il était d'usage à Rome que tout patricien por-'

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