Page:Fustel de Coulanges - La Cité antique, 1920.djvu/144

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

136 LIVRE ni. LA CITÉ.

CHAPITRE n.

NonroUes oroyanoes rellgienceo

1* Leê dieux de la nature physique.

Avant de passer de la formation des tribus à la naissance des cités, il faut mentionner un élément important de la vie intellectuelle de ces antiques populations.

Quand nous avons recherché les plus anciennes croyances de ces peuples, nous avons trouvé une religion qui avait pour objet les ancêtres et pour principal symbole le foyer ; c'est elle qui a constitué la famille et établi les premières lois. Mais cette race a eu aussi, dans toutes ses branches, une autre religion, celle dont les principales figures ont été Zeus, Héra, Athéné, Junon, celle de TOlympe hellénique et du Capitole romain.

De ces deux religions, la première prenait ses dieux dans rame humaine ; la seconde prit les siens dans la nature phy- sique. Si le sentiment de la force vive et de la conscience qu'il porte en lui avait inspiré à l'homme la première idée du divin, la vue de cette immensité qui l'entoure et qui l'écrase traça à ■on sentiment religieux un autre cours.

L'homme des premiers temps était sans cesse en présence de la nature; les habitudes de la vie civilisée ne mettaient pas encore un voile entre elle et lui. Son regard était charmé par ces beautés ou ébloui par ces grandeurs. 11 jouissait de la lumière, il s'effrayait de la nuit, et quand il voyait revenir « la sainte clarté des cieux' », il éprouvait de la reconnaissance. Sa vie était dans les mains de la nature; il attendait le nuage bienfaTsant d'où dépendait sa récolte; il redoutait l'orage qui pouvait détruire le travail et l'espoir de toute une année. Il sentait à tout moment sa faiblesse et l'incomparable force d<

t Sophocle, AnîiQOf%e, t. 879. Les Védas expriment scarent la même idée.

�� �