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138 LIVRE III. LA CITA.

morts, ayant été fixée à une époque très-lointaine, resta ton- jours immuable dans ses pratiques, pendant que ses dogmes s'effaçaient peu à peu ; l'autre, celle de la nature physique, fut plus progressive et se développa librement à travers les âges, modifiant peu à peu ses légendes et ses doctrines, et augmentant sans cesse son autorité sur l'homme.

��t» Rapport de cette religion avec le développement de la société humaine.

On peut croire que les premiers rudiments de cette religion de la nature sont fort antiques; ils le sont peut-être autant que le culte des ancêtres ; mais, comme elle répondait à des conceptions plus générales et plus hautes, il lui fallut beau- coup plus de temps pour se fixer en une doctrine précise*. Il est bien avéré qu'elle ne se produisit pas dans le monde en un jour et qu'elle ne sortit pas toute faite du cerveau d'un homme. On ne voit à l'origine de cette religion ni un prophète ni un corps de prêtres. Elle naquit dans les différentes intelligences par un effet de leur force naturelle. Chacune se la fit à sa façon. Entre tous ces dieux, issus d'esprits divers, il y eut des ressemblances, parce que les idées se formaient en l'homme suivant un mode à peu près uniforme; mais il y eut aussi une très-grande variété, parce que chaque esprit était l'auteur de ses dieux. Il résulta de là que cette religion fut longtemps confuse et que ses dieux furent innombrables.

Pourtant les éléments que l'on pouvait diviniser n'étaient pas très-nombreux. Le soleil qui féconde, la terre qui nourrit, le nuage tour à tour bienfaisant ou funeste, telles étaient les principales puissances dont on pût faire des dieux. Mais de

��1. Est-il nécessaire de rappeler toutes les traditions grecques et itahennes qui faisaient de la religion.de Jupiter une religion jeune et relativement récente? La Grèce et l'Italie avaient conservé le souvenir d'un temps oii les sociétés liumaiDcs existaient déjà et où cette religion n'était pas encore formée. Ovide, Fast., Il, 289; Virgile, Giorg., I, 1J6; Eschyle, fi'umémd'» ; Pausanias, VIII, 8. H y a apparence fQ* chez Us HiodoDS les PUri» ont ité antérieurs aux Dii'as.

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