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150 LIVRE m. LA CITfi.

dont la providence embrasse cette cité entière, 6ebî TwXirfc, fenates publici. UiéTdirchie de croyances, hiérarchie d'associa- tions. L'idée religieuse a été, chez les anciens, le souffle in- spirateur et organisateur de la société.

Les traditions des Hindous, des Grecs, des Étrusques, racon- taient que les dieux avaient révélé aux hommes les lois so- ciales. Sous cette forme légendaire il y a une vérité. Les lois sociales ont été l'œuvre des dieux ; mais ces dieux si puissants et si bienfaisants n'étaient pas autre chose que les croyances des hommes.

Tel a été le mode d'enfantement de l'État chez les anciens; cette étude était nécessaire pour nous rendre compte tout à l'heure de la nature et des institutions de la cité. Mais il faut faire ici une réserve. Si les premières cités se sont formées par la confédération de petites sociétés constituées antérieure- ment, ce n'est pas à dire que toutes les cités à nous connues aient été formées de la même manière. L'organisation munici- pale une fois trouvée, il n'était pas nécessaire que pour chaque Tille nouvelle on recommençât la même route longue et diffi- cile. Il put même arriver assez souvent que l'on suivît l'ordre inverse. Lorsqu'un chef, sortant d'une ville déjà constituée, en alla fonder une autre, il n'emmena d'ordinaire avec lui qu'un petit nombre de ses concitoyens, et il s'adjoignit beaucoup d'autres hommes qui venaient de divers lieux et pouvaient même appartenir à des races diverses. Mais ce chef ne manqua jamais de constituer le nouvel État à l'image de celui qu'il venait de quitter. En conséquence, il partagea son peuple, en tribus et en phratries. Chacune de ces petites associations eut un autel, des sacrifices, des fêtes ; chacune imagina même uq ancien héros qu'elle honora d'un culte, et duquel elle vint la longue à se croire issue.

Souvent encore il arriva que les hommes d'un certain pay vivaient sans lois et sans ordre, soit que l'organisation sociala n'eût pas réussi à s'établir, comme en Arcadie, soit qu'elle eût été corrompue et dissoute par des révolutions trop brusques, comme à Cyrène et à Thurii. Si un législateur entreprenait de mettre la règle parmi ces hommes, il ne manquait janoais

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