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812 LIVRE III. LA CITE. ^

la protection des dieux. Un consul est quelque chose de plus qu'un homme; il est l'intermédiaire entre l'homme et la divinité. A sa fortune est attachée la fortune publique -, il est comme le génie tutélaire de la cité. La mort d'un consul funeste la république'. Quand le consul Claudius Néron quitte son armée pour voler au secours de son collègue, Tite-Live nous montre combien Rome est en alarmes sur le sort de cette armée ; c'est que, privée de son chef, l'armée est en même ■ temps privée delà protection céleste; avec le consul sont partis les auspices, c'est-à-dire la religion et les dieux*.

Les autres magistratures romaines qui furent, en quelque sorte, des membres successivement détachés du consulat, réunirent comme lui des attributions sacerdotales et des attributions politiques. On voyait, à certains jours, le censeur, une couronne sur la tête, offrir un sacrifice au nom de la cité et frapper de sa main lavictime. Les préteurs, les édiles curules présidaient à des fêtes religieuses*. Il n'y avait pas de magistrat qui n'eût à accomplir quelque acte sacré ; car dans la pensée des anciens toute autorité devait être religieuse par quelque côté. Les tribuns de la plèbe étaient les seuls qui n'eussent à accomplir aucun sacrifice ; aussi ne les comptait-on pas parmi les vrais magistrats. Nous verrons plus loin que leur autorité était d'une nature tout à fait exceptionnelle.

Le caractère sacerdotal qui s'attachait au magistrat se montre surtout dans la manière dont il était élu. Aux yeux des anciens, il ne semblait pas que les suffrages des hommes fussent suffisants pour établir le chef de la cité. Tant que dura la royauté primitive, il parut naturel que ce chef fût désigné par la naissance en vertu de la loi religieuse qui prescrivait que le fils su:5cédât au père dans tout sacerdoce ; la naissance semblait révéler assez la volonté des dieux. Lorsque les révo- lutions eurent supprimé partout cette royauté, les hommes paraissent avoir cherché, pour suppléer à la naissance, un mode d'élection que les dieux n'eussent pas à désavouer. Les

i. Tita-Live, XXVn, 40.

2. Tlto-Liye, XX VU, 44 : castra relicta eine <*i>*-»r»o, tint mu»pi«ic.

i. Virron, L. L., Vî, &4. Athéné», XIV, 7».

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