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CHAP. X. LE MAGISTRAT. '213

Athéniens, comme beaucoup de peuples grecs, n'en virent pas de meilleur que le tirage au sort. Mais il importe de ne pas se faire une idée fausse de ce procédé, dont on a fait un sujet d'accusation contre la démocratie athénienne ; et pour cela il est nécessaire de pénétrer dans la pensée des anciens. Pour eux le sort n'était pas le hasard; le sort était la révélation de la volonté divine. De même qu'on "y atait recours dans les temples pour surprendre les secrets d'en haut, de même la cité y recourait pour le choix de son magistrat. On était per- suadé que les dieux désignaient le plus digne en faisant sortir son nom de l'urne. Platon exprimait la pensée des anciens quand il disait : a L'homme que le sort a désigné, nous disons qu'il est cher à la divinité et nous trouvons juste qu'il com- mande. Pour toutes les magistratures qui touchent aux choses sacrées, laissant à la divinité le choix de ceux qui lui sont agréables, nous nous en remettons au sort ». La cité croyait amsi recevoir ses magistrats des dieux'.

1. Platon, Lois, III, p. 690; VI, p. 759. Les historiens modernes ont conjecture que le tirage au sort était une inrention de la démocralie athénienne, et qu'il a da y avoir un temps où les archontes étaient élus par la /tipoTovia. C'est une pure hy- pothèse qu'aucun texte n'appuie. Les textes, au contraire, présentent le tirage au sort, xXîjpoç, t? Kuansi Aa/iTv, Comme très-ancien. Plutarque, qui écrivait la vie de Périclès d'après des historiens contemporains comme Slésimbrote, dit que Périclès ne fut jamais archonte, parce que cette dignité était donnée au sort de toute anti- quité, ix «aXaiou (Plut., Periclès, 9). Démélrius de Phalère, qui avait écrit des ouvrages sur la législation d'Athènes et en particulier sur lù-chontat, disait for- mellement qu'Aristide avnit été archonte par la voie du sort (Démétrius, cité par Plutarqu^ Aristide, 1). Il est vrai qu'idoménee de Lampsaque, écrivain posté- rieur, disait qu'Aristide avait été porté à cette charge par le choix de ses conci- toyens; mais Plutarque, qui rapporte cette assertion {ibidem), ajoute que, si elle est exacte, il faut entendre que les Athéniens firent une exception en faveur du mérite éminent d'Aristide. Hérodote, VI, 109, montre bien qu'au temps de la bataille de Marathon, les neuf archontes et parmi eux le Polémarque étaient nommés par la voie du sort. Démosthène, in Leptinem, 90, cite une loi d'où il résulte qu'au lempsdeSolon le sort désignait déjà les archontes. Enfln Pausanias, IV, 5, fait ■■n tendre que l'archontat annuel avec tirage au sort succéda immédiatement à l'ar- hontat décennal, c'est-à-dire en 683. Solon, il est vrai, fut choisi pour être ar- chonte, tifiOi) «ex"; Aristide peut-être le fut aussi; mais aucun texte n'implique que la règle d'élection ait jamais existé: Le tirage au sort parait être aussi ancien que l'arcbonlat lui-même; au moins devons-nous le penser en l'absence de textes contraires. II n'était pas d'ailleurs un procédé démocratique. Démétrius de Phalère dit qu'au temps d'Aristide on ne tirait au sort que parmi les familles les plus ri- ches, ix Tûv y'vuv tùiv ta jt^i'"^'^ 'ttiLrijjLO.-ca i;^àvTuv, Avint Solon, On ne tirait au soft que parmi les Eupa><des. Même au ternss de Ljtsias «t <U Déniogthine, lei noms

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