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CRAP. X. LE MAGISTIIAT. 215

(Ce mode d'élection, qui fut scrupuleusement suivi dans les premiers siècles de la république, explique quelques traits de l'histoire romaine dont on est d'abord surpris. On voit, par exemple, assez souvent que le peuple est presque unanime à vou- loir porter deux hommes au consulat, et que pourtant il ne le peut pas ; c'est que le président n'a pas pris les auspices sut ces deux hommes, ou que les auspices ne se sont pas montrés favorablesL Par contre, on voit plusieurs fois le peuple nommer consuls deux hommes qu'il déteste*; c'est que le président n'a prononcé que deux noms, lia bien fallu voter pour eux; car le vote ne s'exprime pas par oui ou par non; chaque suffrage doit porter deux noms propres, sans qu'il soit possible d'en écrire d'autres que ceux qui ont été désignés. Le peuple à qui l'on présente des candidats qui lui sont odieux peut bien marquer sa colère en se retirant sans voter; il reste toujours dans l'enceinte assez de citoyens pour flgurer un vote*. )

( On voit par là quelle était la puissance du président des comices, et l'on ne s'étonne plus de l'expression consacrée,

deDl des comices : i Aou/otno; £v);a; atçiT-cai Sùo, Bfùttt «s\ KolX&iivov, xa\ i 4>!)i.o; TaVaû|iavo; xarài Xâji^iUt li((xû(u<7i tsT; avioaiTi tt)* if;^)!*. Si quelques CeDturieS

ToUienl pour (i'aulres tioms, le président pouvait ne pas tenir compte de ces suf- frages; Tite-Live, 111,21 : consules edicunt ne quis L. Quinclium consulem faceret ; si quis /erisset, se id suffragium non observaluros. Tite-Live, VU, 22 : consules.... ralionem ejus se habiCuros negabant. Ce dernier fait est déjà de l'année 352 av. J. C, et le récit de Tile-Live montre le droit du président fort méconnu cette fois par le peuple. Ce droit, qui fut désormais lettre morte, ne fut pourtant pas légalement aboli, et plus d'un consul, dans la suite, osa le rappeler. Aulu-GcUe, VI, 9 ! Fulvium pro tribu œdilem curulem renuntiaverunt ; at mdîlis qui comxtta haàebal negat accxpere ; ici, le président, qui est un simple édile, refuse d'acceptei et oe compter les suffrages. Ailleurs, le consul Porcius déclare qu'il n'acceptera pas tel candidat, non acctpere nomen ejus (Tite-Live, XXXIX, 39). Valère-Maxime, ni, 8,3, raconte qu'à l'ouverture des comices on de< mande au président, C. Piun, si, dans le cas où les suffrages du peuple se por- teraient surLoUius Pahcanus, il le proclamerait élu; Pison répond qu'il ne le pro- clamera pas, nonrenunhabo ; et l'assemblée porte alors ses suffrages sur un autrs candidat. Nous voyons dans Veiléius, II, 92, un président de comices défendre à nn candidat de se présenter, profiteri veluit, et, comme celui-ci persiste, déclarer que, fût-il élu par les suffrages au peuple entier, il ne reconnaîtra pas le vote. Or, la proclamation du président, renurilialio, était inijispeasable, et sans elle il d'| ivait pas d'élection.

1. Tite-Live, II, 42; II, 43. Denys, VIII, 87.

S. On voit deux exemples de cala dans Daays, VIU, 83, et Tite-Live, U, li.

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