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216 LIVRE III. LA CITé.

créât consules, qui s'appliquait, no^i au peuple, mais au pré- sident des comices. C'était de lui, en effet, plutôt que du peuple, qu'on pouvait dire : Il crée les consuls-, car c'était lui qui découvrait la volonté des dieux. S'il ne faisait pas les con- suls, c'était au moins par 'lui que les dieux les faisaient. La puissance du peuple n'allait que jusqu'à ratifier l'élection, tout au plus jusqu'à choisir entre trois ou quatre noms, si les auspices s'étaient montrés également favorables à trois ou quatre candidats.

Il est hors de doute que cette manière de procéder fut fort avantageuse à l'aristocratie romaine; mais on se tromperait si l'on ne voyait en tout cela qu'une ruse imaginée par elle. Une telle ruse ne se conçoit pas dans les siècles oîi l'on croyait à cette religion. Politiquement, elle était inutile dans les premiers temps, puisque les patriciens avaient alors la majo- rité dans les suffrages. Elle aurait même pu tourner contiB eux en investissant un seul homme d'un pouvoir exorbitant. f La seule explication qu'on puisse donner de ces usages, ou plutôt de ces rites de l'élection, c'est que tout le monde croyait très-sincèrement que le choix du magistrat n'appar- tenait pas au peuple, mais aux dieux. L'homme qui allait disposer de la religion et de la fortune de la cité devait être révélé par la voix divine. )

La règle première pour l'élection d'un magistrat était celle que donne Cicéron : « Qu'il soit nommé suivant les rites*. » Si, plusieurs mois après, on venait dire au Sénat que quelque rite avait été négligé ou mal accompli, le Sénat ordonnait aux consuls d'abdiquer, et ils obéissaient. Les exemples sont fort ■ nombreux -, et si, pour deux ou trois d'entre eux, il est permis de croire que le Sénat fut bien aise de se débarrasser d'un consul ou inhabile ou mal pensant, la plupart du temps, au contraire, on ne peut pas lui supposer d'autre motif qu'un scrupule religieux.

Il est vrai que lorsque le sort à Athènes ou les auspices à

1. Cicéron, Delegibuê, III, S : Auspieia patrum sunto, oUique «o te pro- dwfUo qui comitialu creare oonsulet rite possini. On sait que dans 1« De lêgir (u(, Ciceroa ne fait guère qua reproduire «t expliquer lea lois de Roma.

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