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CHAP. XI. LA LOI. 2ri

mêmes lois en regard du culte des morts et du foyer, qu'on les compare aux diverses prescriptions de cette religion pri- mitive, et l'on reconnaîtra qu'elles sont ave« tout cela dans un accord parfait. )

L'homme n'a pas eu à étudier sa conscience ei à dire : Ceci est juste; ceci ne l'est pas. Ce n'est pas ainsi qifest né le droit an- tique. Mais l'homme croyait que le foyer sacré, en vertu de la loi religieuse, passait du père au fils;' il en est résulté que la maison a été un bien héréditaire. L'homme qui avait enseveli son père dans son champ croyait que l'esprit du mort prenait à jamais possession de ce champ et réclamait de sa postérité un culte perpétuel ; il en est résulté que le champ, domaine du mort et lieu des sacrifices, est devenu la propriété inaliénable d'une famille. La religion disait: Le fils continue le culte, non la fille; et la loi. a dit avec la religion: Le fils hérite, la fille n'hérite pas ; le neveu par les mâles hérite, non pas le neveu par les femmes. Voilà comment la loi s'est faite; elle s'est présentée d'elle-même et sans qu'on eût à la chercher. Elle était la conséquence directe et nécessaire de la croyance ; elle était la religion même s'appliquant aux relations des hommes entre eux.

Les anciens disaient que leurs lois leur étaient venues des dieux. Les Cretois attribuaient les leurs, non à Minos, mais à Jupiter ; les Lacédémoniens croyaient que leur législateur n'était pas Lycurgue, mais Apollon. Les Romains disaient que Numa avait écrit sous la dictée d'une des divinités les plus puissantes de l'Italie ancienne, la déesse Égérie. Les Étrus- ques avaient reçu leurs lois du dieu Tagès. Il y a du vrai dans toutes ces traditions] Le véritable législateur chez les anciens, ce ne fut pas l'homnae, ce fut la croyance religieuse que l'homme avait en soi.

��Les lois restèrent longtemps une chose sacrée. Même à l'époque où l'on admit que la volonté d'un homme ou les suffrages d'un peuple pouvaient faire une loi, encore fallait-il que la religion fût consultée et qu'elle fût au moins consen- tante. A Rome, on ne croyait pas que l'unanimité des suffra- ges fût suffisante pour quMI s eût une loi : il fallait encore <iue

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