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220 LIVRE III. LA CITÉ.

A Athènes, 16 premier archonte et le Roi avaient à peu près les mêmes attributions judiciaires que le pontife romain. C'est que l'archonte avait la mission de veiller à la perpétuité des cultes domestiques ', et que le Roi, assez semblable au pontife de Rome, avait la direction suprême de la religion de la cité. Aussi le premier jugeait-il tous les débats qui touchaient au droit de famille, et le second, tous les délits qui atteignaient la religion ^. ^

Le mode de génération des lois anciennes apparaît claire- ment. Ce n'eet pas un homme qui les a inventées. Solon, Ly- curgue, Minos, Numa ont pu mettre en écrit les lois de leurs cités; ils ne les ont pas faites. Si nous entendons par légis- lateur un homme qui crée un code par la puissance de son génie et qui l'impose aux autres hommes, ce législateur n'exista jamais chez les anciens. La loi antique ne sortit pas non plus des votes du peuple. La pensée que le nombre des suiTragos pouvait faire und loi n'apparut que fort tard dans les cités, et seulement après que deux révolutions les avaient transformées. Jusque-là les lois se présentent comme quelque chose d'an- tique, d'immuable, de vénérable. Aussi vieilles que la cité, c'est le fondateur qui les a posées, en même temps qu'il posait le loyer, moresgue viris et mœnia ponit. Il les a instituées en même temps qu'il instituait la religion. Mais encore ne peut- on pas dire qu'il les ait imaginées lui-même. Quel en est donc le véritable auteur^ Quand nous avons parlé plus haut de l'or- ganisation de la famille et des lois grecques ou romaines qui réglaient la propriété, la succession, le testament, l'adoption, nous avons observé combien ces lois correspondaient exacte- ment aux croyances des anciennes générations. Si l'on met ces lois en présence de l'équité naturelle, on les trouve sou- vent en contradiction avec elle, et il paraît assez évident quo ce n'est pas dans la notion du droit absolu et dans le sentiment du juste qu'on est allé les chercher. Mais que l'on mette ces

jusqu'à Justioi«D : Juriêprudentia est rerum divinarum atque hunummum noUtia.

i. Isée, de ApoHod. hered., 30.

S. PoUux, VIII, 90. Andocide, de MysttrUê, Ul.

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