Page:Fustel de Coulanges - La Cité antique, 1920.djvu/24

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

<:,

��16 LIVRE I. ANTIQUES CROYANCES.

8'effacer de bonne heure, mais dont les rites ont duré jusqu'au triomphe du christianisme.

Les morts passaient pour des êtres sacrés •. Les anciens leur donnaient les épithètes les plus respectueuses qu'ils pussent trouver; ils les appelaient bons, saints, bienheureux*. Ils avaient pour eux toute la vénération que l'homme peut avoir pour la divinité qu'il aime ou qu'il redoute. Dans leur pensée chaque mort était un dieu ».

Cette sorte d'apothéose n'était pas le privilège des grands hommes; on ne faisait pas de distinction entre les morts. Ci- céron dit; a Nos ancêtres ont voulu que les hommes qui avaient quitté cette vie fussent comptés au nombre des dieux*, s li n'était même pas nécessaire d'avoir été un homme vertueux;

— le méchant devenait un dieu tout autant que l'homme de bien;

— seulement il gardait dans cette seconde existence tous les mau- ^. vais penchants qu'il avait eus dans la première •.

Les Grecs donnaient volontiers aux morts le nom de dieux souterrains. Dans Eschyle, un fils invoque ainsi son père mort: a toi qui es un dieu sous la terre ». Euripide dit en parlant d'Alceste : « Près de son tombeau le passant s'arrêtera et dira: Celle-ci est maintenant une divinité bienheureuse*. » Les Ro- mains donnaient aux morts le nom de dieux Mânes. « Rendez aux dieux Mânes ce qui leur est dû, dit Cicéron ; ce sont des hom- mes qui ont quitté la vie; tenez-les pour des êtres divins'. »

Les tombeaux étaient les temples de ces divinités. Âusai

��1 'Ooiov xoù( |uttnATS( Itfovf voiiîChv, Plutarque, Solon, 31.

s. Xfîitnoi, (iMapM, Aristote, cité par Plutarque, Quest. rom^ 63 ; greeq.,

à— |iiàitapt( iHi-tioi, Eschyle, Choéph., 47&.

3. Euripide, Phénic, 1321 : toî« («voO»» jpii tàv où tilin^xiia Ti|tëî ti^evra xté- wov tû oifitiv (téw. -r- Odyssée, X, 526 : tùïfi»» 1t'»B »X«t4 t8no vutfû». — Eschyle, Choéph., 475 : « bienheureux qui habitez sous la terre, écoutez mon invoca- tion ; venez au secours de vos enfants et donnez-leur la victoire. » — C'est en vertu decelt« idée qu'Énée appelle son père mort Sancte parent, divinuê pa- rent; Virg. ^n., V, 80; V, 47. — Plutarque, Que«(. rom , 14: iti* if«-foviv«i ^i. «i9v7|x<STa Xipuot. — Cornélius Nepos, fragments, XII : parentabi* mihi et invo- eclis dexim parentem.

4. Cicéron, De Ugibu», II, 23.

6. Saint Augustin, Cité de Dieu, Vlli, 26; IX, il.

t. Euripide, Alcetie, 1015 : vûv S'inl |i.cuLaipa $al|u»v x«ïf'.S «im, il M Mw.

7. CicéroB, DtU-y., U, 9. Varroa, daas saint Augustin, OU dt Di»u, \JB,

�� �