Page:Fustel de Coulanges - La Cité antique, 1920.djvu/23

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

CHAP. II. LE CULTE DES MORTS. 15

éi& enterrés sur le lieu du combat, les Platéens s'étaient en- gagées à leur offrir chaque année le repas funèbre. '^En consé- q'icnce, au jour anniversaire, ils se rendaient en grande pro- cession, conduits. par leurs premiers magistrats, vers le tertre sous lequel reposaient les morts. Ils leur offraient du lait, du vin, de l'huile, des parfums, et ils immolaient une victime. Quand les aliments avaient été placés sur le tombeau, les Pla- téens prononçaient une formule par laquelle ils appelaient les morts à venir prendre ce repas. Cette cérémonie s'accomplis- sait encore au temps de Plutarque, qui put en voir le six-cen- tième anniversaire*. Lucien nous dit quelle est l'opinion quia engendré tous ces usages. « Les morts, écrit-il, se nourrissent des mets que nous plaçons sur leur tombeau et boivent le vin que nous y versons ; en sorte qu'un mort à qui l'on n'offre rien, est condamné à une faim perpétuelle*. »

Voilà des croyances bien vieilles et qui nous paraissent bien fausses et ridicules. Elles ont pourtant exercé leur empire sur l'homme pendant un grand nombre de générations. Elles ont gouverné les âmes ; nous verrons même bientôt qu'elles ont régi les sociétés, etquelaplupart des institutions domestiques et sociales des anciens sont venues de cette source.

��CHAPITRE n. Le ccilte dM morts.

Ces croyances donnèrent lieu de très-bonne heure à des règles de conduite. Puisque le mort avait besoin de nourri- ture et de breuvage, on conçut que c'était un devoir pour les vivants de satisfaire à ce besoin. Le soin de porter aux morts les aliments ne fut pas abandonné au caprice ou aux sentiments variables des hommes; il fut obligatoire. Ainsi s'établit toute une religion de la mort, dont les dogmes ont pu

1. Plutarque, ÀrxêUdê, Jl : nm^ma^Ul »«»< daelan^-Mf M ti iti«v*« W t>iv

2. LadM, De lu^i», •. 9.

�� �