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f46 LIVRE III. LA CITâ.

Virgile, qui décrit avec une si scrupuleuse exactitude le- mœurs et les rites des Romains, ne s'éloigne pas beaucoup d'Homère lorsqu'il- nous montre comment se forme un traité : a On place entre les deux armées un foyer, on dresse un autel aux divinités qui leur sont communes. Un prêtre vêtu de blanc amène la victime ; les deux chefs font la libation, invoquent les dieux, énoncent leur promesse ; puis la victime est égor- gée et les chairs en sont placées sur la flamme de l'autel* ». Tite-Live est d'une remarquable clarté sur ce point du droit public de Rome : « Un traité ne peut être conclu sans lès féciaux et sans l'accomplissement des rites sacramentels; car un traité n'est pas une convention, une sponsio, comme entre les hommes : un traité se conclut par l'énoncé d'une prière, precatio, où l'on demande que le peuple qui manquera aux conditions qu'on vient d'exprimer soit frappé par les dieux comme la victime vient d'être frappée par le fécial* >.

Cette cérémonie religieuse donnait seule aux conventions internationales "un caractère sacré et inviolable. Tout le monde connaît l'histoire des fourches caudines. Une armée entière, par l'organe de ses consuls, de ses questeurs, de ses tribuns et de ses centurions, avait fait une convention avec les Sam- nites. Mais il n'y avait eu ni victime immolée, ni prière pro- noncée, ni engagement pris envers les dieux. Aussi le Sénat se crut-il en droit de dire que la convention n'avait aucune valeur. En l'annulant, il ne vint à l'esprit d'aucun pontife, d'aucun patricien, que l'on commettait un acte de mau- vaise foi.

C'était ifne opinion constante chez les anciens que chaque homme n'avaii d'obligations qu'envers ses dieux particuliers. Il faut se rappeler ce mot d'un certain Grec dont la cité adorait le héros Alabandos; il s'adressait à un homme d'une autre ville qui adorait Hercule : a Alabandos, disait-il, est un dieu,

��1. Virgile, XÏI, t. IS, 118-130, 170-174,200-215. Cf. VIII, 641 : et eaeêajungt' arU fadera porta.

2. TiU-LÏTe, LX, &. Le même historien donne ailleurs, I, 34, la description (.oinplèie de la cérémonie et nne partie de la precatio. On la troarera anssi dan Po Ifke. ni, ».

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