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280 LIVRE IV. LÉS RÉVOLUTIONS.

Le mariage sacré n'existe pas pour eux ; ils n'en connais- Benl par les rites. N'ayant pas le foyer, l'union que le foyer établit leur est interdite. Aussi le patricien, qui ne connaît pas d'autre union régulière que celle qui lie l'époux k l'épouse en présence de la divinité domestique,peut-il dire en parlant des plébéiens : Connubia promiscua habent more ferarum.

Pas de famille pour eux, pas d'autorité paternelle. Ils peu- vent avoir sur leurs enfants le pouvoir que donne ia force ou le sentiment naturel; mais cette autorité sainte dont la re- ligion revêt le père, ils ne l'ont pas.

Pour eiix le droit de propriété n'existe pas. Car toute pro- priété doit être établie et consacrée par un foyer, par un tom- beau, par des dieux termes, c'est-à-dire par tous les éléments du culte domestique. Si le plébéien possède une terre, cette terre n'a pas le caractère sacré ; elle est profane et "ne connaît pas le bornage. Mais peut-il même posséder une terre, dans les prenaiers temps? On sait qii'à Rome nul ne peut exercer le droit de propriété s'il n'est citoyen ; or le plébéien, dans le premier âge de Rome, n'est pas citoyen. Le jurisconsulte dit qu'on ne peut être propriétaire que par le droit des Quirites, or le plébéien n'est pas compté d'abord parmi les Quirites. A l'origine de Rome Vager romanus a été partagé entre les tri- bus, les curies et les gentes*\ or le plébéien, qui n'appartient à aucun de ces groupes, n'est certainement pas entré dans le partage. Ces plébéiens, qui n'ont pas la religion, n'ont pas ce qui fait que l'homme peut mettre son empreinte sur une part de terre et la faire sienne. On sait qu'ils habitèrent longtemps l'Avenfm et y bâtirent des maisons; mais ce ne fut qu'après trois siècles et beaucoup de luttes au'ils obtinrent enfin la pro- priété de ce terrain '. ^

Pour les plébéiens il n'y a pas de loi, pas de justice; car u loi est l'arrêt de la religion, et la procédure est un ensemble de rites. Le client a le bénéfice du droit de la cité par Tinter-

ièctes de la république. La plèbe alors se transformait, et de mime qu'elle teqoé«  rait les droits des patriciens, elle prenait aussi leurs mœurs et s« modelait k leur image.

1. Varron, de Ung. lot. V, 55; Denys, II, 7.

■i- ûenys, X, 33 1 Cf. Tite-Live, lU, tt.

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