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CHAP. II. LES PLÉBÉIENS^ 281

rnédiaire du patron; pour le plébéien ce droit n'existe pas. Un liistorien ancien dit formellement que le sixième roi de Rome fit le premier quelques lois pour la plèbe, tandis que les pa- triciens avaient les leurs depuis longtemps*. Il paraît même que ces lois furent ensuite retirées à la plèbe, ou que, n^étant pas fondées sur la religion, les patriciens refusèrent d'en tenir compte ; car nous voyons dans l'historien que, lorsqu'on créa des tribuns, il fallut faire une loi spéciale pour protéger leur vie et leur Kberté, et que cette loi était conçue ainsi: « Q" nul ne s'avise de frapper ou de tuer un tribun comme il ferait à un homme de la plèbe*. » Il semble donc que l'on eût le droit de frapper ou de tuer un plébéien, ou du moins ce mé- fait commis envers un homme qui était hors la loi, n'était pas légalement puni.

Pour les plébéiens il n'y à pas de droits politiques. Us ne sont pas, d'abord, citoyens et nul parmi eux ne peut être ma- gistrat. Il n'y a d'autre assemblée à Rome, durant deux siè- cles, que celle des curies; or les curies ne comprennent, dans les trois premiers siècles de Rome, que les patriciens et leurs clients. La plèbe n'entre même pas dans la composition de l'armée, tant que celle-ci est distribuée par curies.

Mais ce qui sépare le plus manifestement le plébéien du patricien, c'est que 1«> plébéien n'a pas la religion de la cité. Il est impossible qu'il soit revêtu d'un sacerdoce. On peut même croire que la prière, dans les premiers siècles, lui est interdite et que les rites ne peuvent pas lui être révélés. C'est comme dans l'Inde où « le coudra doit ignprer toujours les formules sacrées » . Il est étranger, et par conséquent sa seule présence souille le sacrifice. Il est repoussé des dieux. Il y a entre le patricien et lui toute la distance que la religion peut mettre entre deux hommes. La plèbe est une population méprisée et abjecte, hors de la religion, hors de la loi, hors de la société, hors de la famille. Le patricien ne peut com- parer cette existence qu'à celle de la bête, more ferairam.

J. Denys, IV, 43.

'i. Denys, Vi, 89 : «; (va iSv «oXXSy. L'ezpregsion et %*\\»\ wt c«U« que Denyï emploie fréquemment pour" désigner la plcbc

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