Page:Fustel de Coulanges - La Cité antique, 1920.djvu/29

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

CHAP. m. LE FEU SACRÉ. SI

CHAPITRE ni.

L« fea saoréi

La maison d'un Grec ou d'un Romain renfermait un autel* iur cet autel il devait y avoir toujours un peu de cendre et des charbons allumés*. C'était une obligation sacrée pour le maî- tre de chaque maison d'entretenir le feu jour et nuit. Malheur à la maison où il venait à s'éteindre I Chaque soir, on couvrait les charbons de cendre pour les empêcher de se consumer en- tièrement; au réveil, le premier soin était de raviver ce feu et de l'alimenter avec quelques branchages. Le feu ne cessait de briller sur l'autel que lorsque la famille avait péri tout entière; foyer éteint, famille éteinte, étaient des expressions synonymes chez les anciens*.

Il est manifeste que cet usage d'entretenir toujours du feu sur un autel se rapportait à une antique croyance. Les règles et les rites que l'on observait à cet égard montrent que ce n'était pas là une coutume insignifiante. Il n'était pas permis d'alimenter ce feu avec toute sorte de bois ; la religion distin- guait, parmi les arbres, les espèces qui pouvaient être employées à cet usage et celles dont il y avait impiété à se servir'. La reli- gion disait encore que ce feu devait rester toujours pur*; ce qui signifiait, au sens littéral, qu'aucun objet sale ne devait être jeté dans ce feu, et au sens figuré, qu'aucune action cou- pable ne devait être commise en sa présence. Il y avait un jour de rannée,qui était chez les Romains le 1" mars, où chaque

1. Les Grecs appelaient cet autel de noms divers, pûiioç, i<riàpa, lotio; ce der- nier Gnit par prévaloir dans l'usage et fut le mol dont on désigna ensuite la déesse Vesta. Les Latins appelaient le même autel vesta, ara ou focus. Inpri- mis ingressibus domorum vestx, id est arx et foci, soient haberi (Nonius Mar- eellus, éd. Quicherat, p. 53).

2. Hymne* homér., XXIX. Hymnes orph., LXXXIV. Hésiode, Opéra, 679. Eschyle, Agam., 1056. Euripide, Hercul. fv,r., 503, 599. Thucydide, I, 136. Aristophane, Plut., 795. Caton, De re rust., 143. Cicéron, Pro domo, 40. Ti- bnlle, I, 1, 4. Horace, Epod., II, 43, Ovide, A. A., I, 637. Virgile, II, 512.

S. Virgile, VII. 71 : caslis taedis. Festus, t. Pelioi». Plutarque, Numa, 9. 4. Eflripid*, Hère, fxur., lii. Catoo, De re ruet., 143. Ovide, Fast., Ul, 69« 

�� �