Page:Fustel de Coulanges - La Cité antique, 1920.djvu/28

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

20 LIVRE I. ANTIQUES CROYANCES.

que dans sa famille le nombre des hommes de bien s'accroisse, et qu'il ait beaucoup à donner».

Ces âmes humaines divinisées par la mort étaient ce que les Grecs appelaient des démons ou des héros*. Les Latins leuf donnaient le nom de Lares, Mânes*, Génies. «Nos ancêtres ont cru, dit Apulée, que les Mânes, lorsqu'ils étaient malfaisants devaient être appelés larves, et ils les appelaient Lares lors- qu'ils étaient bienveillants et propices*. » On lit ailleurs: «Gé- nie et Lare, c'est le même être; ainsi l'ont cru nos ancêtres »*; et dans Cicéron : « Ceux que les Grecs nomment Démons, nous ies appelons Lares •. »

Cette religion des morts paraît être la plus ancienne qu'il y ait eu dans cette race d'hommes. Avant de concevoir et d'ado- rer Indra ou Zeus, l'homme adora les morts; il eut peur d'eux, il leur adressa des prières. Il semble que le sentiment religieux ait commencé par là. C'est peut-être à la vue de la mort que l'homme a eu pour la première fois l'idée du surnaturel et qu'il a voulu espérer au delà de ce qu'il voyait. La mort fut le premier mystère ; elle mit l'homme sur la voie des autres mys- tères. Elle éleva sa pensée du visible à l'invisible, du passager k l'éternel, de l'humain au divin.

1. Il eit possible que le ecds primitif de {pu; ait été celni d'homme mort. La langue des inscriptions, qui est celle du vulgaire, et qui est en même temps celle où le sens ancien des mots persiste le plus, emploie quelquefois {;u; avec la limple signification que nous donnons au mot défunt : lîfoç xffittt, x«'p«i Boeckh, Corp. inscr., n" 1629, 172S, 1781,1782, 1784, 1786, 1789, 3398; Ph. Lebas, Monum. de Morée, p. 205. Voyeï Théognis, éd. Welcker, v. 513, et Pausa- nias, VI, 6, 9. Les Thébains avaient une vieille expression pour signifier mou» rir, iip«>a YiviffOoi (Aristole, fragments, éd. Heitz, t. IV, p. 260; Cf. Plntarque, Prov»rb. quibus Alex, usi sunt, c. 47). — Lei Grecs donnaient aussi à l'âmt d'un mort le nom de Sat|ii«v. Euripide, Atceate, 1140 et Scboliaste. Eschyle.. Perses, 620 : Saînova Aafiîov. Pausanias, VI, 6 : t>l|uiy ivOfûitou.

2. Mânes Virginise (Tite-Lire, III, 58). Mânes conjugis (Virgile, VI, 119). Patris Anchisœ Mânes (Id., X. 534). Mânes Hectoris (Id., III, 303).I>ie Mani- bus Martialis, Dis Manibus Aculise (Orelli, n" 4440, 4441, 4447, 4459,/etc. Valerii deos mone» (Tite-Live, III, 19)

3. Apulée, De deo Socratis. Servius, ad .^neid., III, 6S. ^. Censorinus, De die naiali, 3.

5. Cicéron, Timée, il. — Denys d'HalicarnaaM tndait Imt familUuriê pv: tax' oUUv4r«{ (Anliq. ron%.% IV, 2).

�� �