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286 LIVRE IV. LES REVOLUTIONS.

d'une émeute pendant laquelle le roi Charflaos dut chercher un asile dans un temple. Lycurgue fut un moment le maître de Supprimer la royauté; il s'en garda bien, jugeant la royauté nécessaire et la famille régnante inviolable. Mais il fit en Sorte que les rois fussent désormais soumis au Sénat en ce qui concernait le gouvernement, et qu'ils ne fussent plus que les présidents de cette assemblée et les exécuteurs de ses dé- cisions. Un siècle après, la royauté fut encore affaiblie et ce pouvoir exécutif lui fut ôté ; on le confia à des magistrats an- nuels qui furent appelés éphores.

11 est facile de juger par les attributions qu'on donna aux éphores, du peu de pouvoir qu'on laissa aux rois. Les éphores rendaient la justice en matière civile, tandis que le Sénat jugeait les affaires criminelles'. Les éphores, sur l'avis du Sénat, dé- claraient la guerre ou réglaient les clauses des traités de paix. En temps de guerre, deux éphores accompagnaient le roi, le surveillaient; c'étaient eux qui fixaient le plan de campagne et commandaient toutes les opérations'. Que restait-il donc aux rois, si on leur ôtait la justice, les relations extérieures, les opérations militaires? Il leur restait le sacerdoce. Hérodote décrit leurs prérogatives : « Si la cité fait un sacrifice, ils ont la première place au repas sacré ; on les sert les premiers et on leur donne double portion. Ils font aussi les premiers la libation, et la peau des victimes leur appartient. On leur donne à chacun, deux fois par mois, une victime qu'ils immolent à Apollon '. » « Les rois, dit Xénophon, accomplissent les sacri- fices publics et ils ont la meilleure part des victimes. » S'ils

��1. Aristote, Politique, IQ, 1, 7.

2. Xénophon, Resp. Lac, 8, 11, 15 ; Helléniques, II, 4, 36 ; VI, 4, l. Les éphores xaientlapr. sidencede l'assemblée, Thucydide, 1,87. Ils décrétaient les levées de sol- dats, Xénophon, Resp. Lac., il; iIellén.,V\, k, 17. Ils avaient le droit déjuger le» rois, de les mettre en prison, de les condamner à l'amende, liérodote, VI, 85, 82; Thucydide, 1, 131 ; Plutarque, Lycurgue, 12; Agis, il ■,Apoph,th. lac., p. 221. Aris- tote appelle l'éphorat 4px*i ««f '« "'"> ii«Ytircioy {Polit., II, 6, 14). — Les rois avaiect conservé quelques attributions militaires; mais on voit maintes fois les éphores icvs diriger dans leurs expéditions ou les rappeler à Sparte (Xénophon, Hell., VI, 4. i: Thucydide, V, 63 ; Plutarque, Agésilas, 10, 17, 23, J8 ; Lysandre, 2$.

S. Hérodote, VI, S6, il ; Xérophon, Resp. Lae^ 14. Aristot*, PoK(««m«, 10, 9

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