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304 LIVRE IV. LES REVOLUTIONS.

même manière dans toutes les cités. Dans quelques-unes, la loi maintint assez longtemps l'indivision du patrimoine. A Thèbes ei à Corinthe elle était encore en vigueur au huitième siècle. A Athènes la législation de Solon marquait encore une cer- taine préférence à l'égard de l'aîné. 11 y a des villes oîi le droil d'aînesse n'a disparu qu'à ia suite d'une insurrection. A Ilé- raclée, à Gnide, à l'stros, à Marseille, les branches cadettef. prirent les aTmes pour détruire à la fois l'autorité paternelle et le privilège de l'aîné*. A partir de ce moment, telle cité grecque qui n'avait compté jusque-là qu'une centaine d'hommes jouissant des droits politiques en put compter jusqu'à cinq ou six cents. Tous les membres des familles aristocratiques furent citoyens, et l'accès des magistratures et du Sénat leur fut ouvert 11 n'est pas possible de dire à quelle époque le privilège de l'aîné a disparu à Rome. 11 est probable que les rois, aia milieu de leur lutte contre l'aristocratie, firent ce qu'ils purent pour le supprimer et pour désorganiser ainsi les gentes. Au début de la république, nous voyons cent quarante nouveaux membres entrer dans le Sénat. Ils sortaient, dit Tite-Live, des premiers rangs de l'ordre équestre'. Or nous savons que leg six premières centuries de chevaliers étaient composées de patriciens *. C'étaient donc encore des patriciens qui venaient combler les vides du Sénat. Mais Tite-Live ajoute un détail bien significatif: à partir de ce moment, on distingua deux catégories de sénateurs, les uns que l'on appelait paires, les autres que l'on appelait conscripti *. Tous étaient égale- ment patriciens ; mais les patres étaient les chefs des 160 gentes qui subsistaient encore, et les conscripti étaient choi- sis parmi les branches cadettes de ces gentes. On peut supposer en effet que cette classe, nombreuse et énergiaue, n'avait

��1. Aristote, Politique, V, 5, 2, édit. Didol, p. m.

2. Tile Live, II, 1 : primoribiis eqxtestris gradut lectit.

S. Voy. Belot, Histoire des chevaliers romains, liv. I, ch. 2.

4. Tite-Live, II, 1 : qui palv^ quique conscripti essent. Festus, éd. Mûll«r, p. 41 : conscripti dicebanlur qui ex equeslri ordine patribus ascribeOaniur. Un diEtin^ua pendaDt plusieurs siècles les patres u^s conaoripti ; voy Plutarqu - Questions ro^naine*^ 6t-

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