Page:Fustel de Coulanges - La Cité antique, 1920.djvu/311

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

CHAP. V. DEUXIÈME RÉVOLDTION. 303

leur force ; un certain sentiment de fierté et le désir d'un sort meilleur naissent en eux. Ajoutez à cela les rivalités des chefs de famille luttant d'influence et cherchant mutuellement à s'affaiblir. Ajoutez encore qu'ils deviennent avides des ma- gistratures de la cité, que, pour les obtenir, ils cherchent à se rendre populaires, et que pour les gérer ils négligent ou oublient leur petite souveraineté locale. Ces causes produi- sirent peu à peu une sorte de relâchement dans la consti- tution de la gens; ceux qui avaient intérêt à maintenir cette constitution y tenaient moins; ceux qui avaient intérêt à la modifier devenaient plus hardis et plus forts..

La règle d'indivision qui avait fait la force de la famille antique fut peu à peu abandonnée. Le droit d'aînesse, con- dition de son unité, disparut. On ne doit sans doute pas s'at- tendre à ce qu'aucun écrivain de l'antiquité nous fournisse la date exacte de ce grand changement. Il est probable qu'il n'a pas eu de date, parce qu'il ne s'est pas accompli en une année. Il s'est fait à la longue, d'abord dans une famille, puis dans une autre, et peu à peu dans toutes. II s'est achevé sans qu'on s'en fût pour ainsi dire aperçu.

On peut bien croire aussi que les hpmmes ne passèrent pas d'un seul bond de l'indivisibilité du patrimoine au partage égal entre les frères. Ilyeut vraisemblablement entre ces deux régimes^une transition. Les choses se passèrent peut-être en Grèce et en Italie comme dans l'ancienne société hindoue, où la loi religieuse, après avoir prescrit l'indivisibilité du patri- moine, laissa le père libre d'en donner quelque portion à ses fils cadets, puis, après avoir exigé que l'aîné eût au moins une part double, permit que le partage fût fait également, et finit même par le recommander*.

Mais sur tout cela nous n'avons aucune indication précise. Un seul point est certain, c'est que le droit d'aînesse et l'in- division ont été la règle ancienne et qu'ensuite ils ont disparr

Ce changement ne s'est pasacci^raplien même temps ni df la

L. Le partage da patrimnine est déjà de règle, à Rome, an milieu do V* siècle, U loi des Doiues TaMes accOTde l'««t*o famUim wcitcumim (GMu, M Digeste

�� �