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CBAP. VI, LES CLifiNTS S'AFFaA.NCHISSENT. 313

odieuse. Cette clientèle, cette sorte de servage, qui était aussi vieille que la constitution de la famille, on la faisait dater de l'époque où leshommes en avaient pour la première fois senti le poids et compris l'injustice. Il est pourtant bien certam que ce n'est pas au septième siècle que les eupatrides établiren les dures lois de la clientèle. Ils ne firent que les conserver. En cela seulement était leur tort ; ils maintenaient ces lois au delà du temps où les populations les acceptaient sans gémir ; ils les maintenaient contre le vœu des hommes. Les eupatrides de cette époque étaient peut-être des maîtres moins durs que n'avaient été leurs ancêtres ; ils furent pourtant détestés da- vantage.

Il paraît que, même sous la domination de cette aristocratie, la condition de la classe inférieure s'améliora. Car c'est alors que l'on voit clairement celte classe obtenir la possession de lots de terre sous la seule condition de payer une redevance qui était fixée au sixième de la récolte '. Ces hommes étaient ainsi presque émancipés ; ayant un chez soi et n'étant plus sous les yeux du maître, ils respiraient plus à l'aise et travaillaient à leur profit.

Mais telle est la nature humaine que ces hommes, à mesure que leur sort s'améliorait, sentaient plus amèrement ce qu'il leur restait d'inégalité. N'être pas citoyens et n'avoir aucune part à l'administration de la cité les touchait sans doute mé- diocrement; mais ne pas pouvoir devenir propriétaires du sol sur lequel ils naissaient et mouraient les touchait bien davan- tage. Ajoutons que ce qu'il y avait de supportable dans leur condition présente manquait de stabilité. Car, s'ils étaient vrai- ment possesseurs du sol, pourtant aucune loi formelle ne leur assurait ni cette possession ni l'indépendance qui en résultait. On voit dans Plutarque que l'ancien patron pouvait ressaisir son ancien serviteur ; si la redevance annuelle n'était pas payée ou pour toute autre cause, ces hommes retombaient dans une sorte d'esclavage.

1. Plutarque, Solon, 13 : l^'^TT'"^ '"^^ TcXeuvCai; trT«TS« |tvo)iivwv TtXeffVKf, Iêh nniôfio» itfo»aTOfiuô|nvoi taX Ultiç. PoUui, IV, i6S '. ix-niiiôpioi tt ot ic0.aTiii ««fP 'ArcnoT;. Idem, VU, 161 : lic[)io(ia( rij Wl £*X5vt, 4| l«\ (t^fii rtmfjtvfit»^.

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