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314 LIVRE IV. LES RÉVOLUTIONS.

De graves questions furent donc agitées dans l'Attique pen- dant une suite de quatre ou cinq générations. Il n'était guère possible que les hommes de la classe inférieure restassent dans cette position instable et irrégulière vers laquelle un progrès insensible les avait conduits ; et alors de deux choses l'une, ou perdant cette position ils devaient retomber dans les liens de la dure clientèle, C "', décidément affranchis par un progrès nouveau, ils devaieni. monter au rang de propriétaires du sol ©t d'hommes libres.

On peut deviner tout ce qu'il y eut d'efforts de la part du la boureur, ancien client, de résistance de la part du propriétaire, ancien patron. Ce ne fut pas une guerre civile; aussi les an- nales athéniennes n'ont^elles conservé le souvenir d'aucun combat. Ce fut une guerre domestique dans chaque bourgade, dans chaque maison, de père en fils.

Ces luttes paraissent avoir eu une fortune diverse suivant la nature du sol des divers cantons de l'Attique. Dans la plaine, où l'eupatr.de avait son principal domaine et où il était toujours présent, son autorité se maintint à peu près intacte sur le petit groupe (le serviteurs qui étaient toujours sous ses yeux; aussi les pédiéens se montrèrent-ils généralement fidèles à/ l'ancien régime. Mais ceux qui labouraient péniblement le flanc de la montagne, les diacriens, plus loin du martre, plus habitués à la vie indépendante, plus hardis et plus courageux, renfer- maient au fond du cœur une violente haine pour l'eupatride et une ferme volonté de s'affranchir. C'étaient surtout ces hom- mes-là qui s'indignaient de voir sur leur champ « la borne sa- crée » du maître, et de sentir « leur-terre esclave » *. Quand aux habitants des cantons voisins de la mer, aux paraliens, la propriété du sol les tentait moins; ils avaient la mer devant eux, et le commerce et l'industrie. Plusieurs étaient devenus riches, et avec la richesse ils étaient à peu près libres. Ils ne partageaient donc pas les ardentes convoitises des diacriens et n'avaient pas une haine bien vigoureuse pour les eupatrides.

��1. Solon, édition Bach, p. IM, IM : rt ••»U6mi.«. PlaUrqa*, 8oton,

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