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322 LIVRE IV. LES RÉVOLUTIONS.

slitution de la cité. L'ancienne famille aristocratique et sacer- dotale se trouvait affaiblie. Le droit d'aînesse ayant disparu^ elle avait perdu son unité et sa vigueur ; les clients s'étant pour la plupart affranchis, elle avait perdu la plus grande partie de ses sujets. Les hommes de la classe inférieure n'étaieni lus répartis dans les génies ; vivant en dehors d'elles, ils formèrent entre eux un corps. Par là, la cité changea d'aspect; au lieu qu'elle avait été précédemment un assemblage faible- ment lié d'autant de petits Etats qu'il y avait de familles, l'union se fit, d'une part entre les membres patriciens des gentes, de l'autre entre les hommes de rang inféritur. Il y eut ainsi deux grands corps en présence, deux sociétés enne- mies. Ce ne fut plus, comme dans l'époque précédente, une lutte obscure dans chaque famille -, ce fut dans chaque ville une guerre ouverte. Des deux classes, l'une voulait que la constitution religieuse de la cité fût maintenue, et que le gou- vernement, comme le sacerdoce, restât dans les niains des familles sacrées. L'autre voulait briser les vieilles barrières qui la plaçaient en dehors du droit, de la religion et de la société politique.

Dans la première partie de la lutte, l'avantage était à l'aris- tocratie de naissance. A la vérité, elle n'avait plus ses anciens sujets, et sa force matérielle était tombée ; mais il lui restait le prestige de sa religion, son organisation régulière, son habitude du commandement, ses traditions, son orgueil héré- ditaire. Elle ne doutait pas de son droit; en se défendant, elle croyait défendre la religion. Le peuple n'avait pour lui que son grand nombre. Il était gêné par une habitude de respect dont il ne lui était pas facile de se défaire. D'ailleurs il n'avait pas de chefs ; tout principe d'organisation lui manquait. Il était, à l'origine, une multitude sans lien plutôt qu'un corps bien constitué et vigoureux. Si nùus nous rappelons que les hommes n'avaient pas trouvé d'autre principe d'association que la religion héréditaire des familles, et qu'ils n'avaient pas l'idée d'une autorité qui ne dérivât pas du culte, nous com- prendrons aisément que cette plèbe, qui était en dehors du cuite et de la religion, u'ait pas pu former d'abord une société

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