Page:Fustel de Coulanges - La Cité antique, 1920.djvu/331

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

CHAP. Vil, PROGRÉS DE LA PLÈBE. 32?

régulière, et qu'il lui ait fallu beaucoup de temps pour trouver en elle-même les éléments d'une discipline et les règles d'ua gouvernement.

Cette classe inférieure, dans sa faiblesse, ne vit pa? d'abord d'autre moyen de combattre l'aristocratie que de lui opposer la monarchie.

Dans les villes où la classe popmaire était déjà formée au temps des anciens rois, elle les soutint de toute la force don elle disposait, et les encouragea à augmenter leur pouvoir. A Rome, elle exigea le rétablissement de la royauté après Ro- mulus; elle fit nommer Hoslilius -, elle fit roi Tarquin l'Ancien; elle aima Servius et elle regretta Tarquin le Superbe.

Lorsque les rois eurent été partout vaincus et que l'aristo- cratie devint maîtresse, le peuple ne se borna pas à regretter la monarchie; il aspira à la restaurer sous une forme nouvelle. En Grèce, pendant le sixième siècle, il réussit généralement l se donner des chefs;- ne pouvant pas les appeler rois, parce que ce titre impliquait l'idée de fonctions religieuses et ne pouvait être porté que par des familles sacerdotales, il les appela tjTans'.

Quel que soit le sens originel de ce mot, il est certain qu'il n'était pas emprunté à la langue de la religion ; on ne pouvait pas l'appliquer aux dieux, comme on faisait du mot roi; on ne le prononçait pas dans les prières. Il désignait, en effet, quelque chose de très -nouveau parmi les hommes, une autorité qui ne dérivait pas du culte, un pouvoir qye la reli- gion n'avait pas établi. L'apparition de ce mot dans la langue grecque marque l'apparition d'un principe que les générations précédentes n'avaient pas connu, l'obéissance de l'homme à l'homme. Jusque-là, il n'y avait eu d'autres chefs d'État que ceux qui étaient les chefs de la religion ; ceux-là seuls com- mandaient à la cité, qui faisaient le sacrifice et invoquaient les dieux pour elle ; en leur obéissant, on n'obéissait qu'à la loi religieuse et on ne faisait acte de soumission qu'à la divi-

��t. Le aom de roi fut quelquefois laissé à ces chefs populaires, loraqa'ilc desMa- dairat d* famille* religivusM. Hérodote. V. 93.

�� �