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824 LIVRE IV. LES RÉVOLUTIONS.

nité. L'obéissance à un homme, rautorité donnée à cet hom ne par d'autres hommes, un pouvoir d'origine et de nature tou (lumaine, cela avait été inconnu aux anciens eupatrides, et cal De fut conçu que le jour où les classes mférieures rejelèrer le joug de l'aristocratie et ^cherchèrent un gouvernemen Bouveau.

Citons quelques exemples. A Corinthe, a le peuple suppor- tait avec'peine la domination des Bacchiades; Cypsélus, témoin delà haine qu'on leur portait et voyant que le peuple cherchait un chef pour le conduire à l'affranchissement », s'offrit à ètre^ ce chef; le peuple l'accepta, le fit tyran, chassa les Bacchiades et obéit à Cypsélus*. Milet eut pour tyran un certain Thrasy- bule; Mitylène obéit à Pittacus, Samos à Polycrate. Nous trouvons des tyrans à Argos, à Epidaure, àMégare, à Chalcis, pendant le sixième siècle; Sicyone en a eu durant cent trente ans sans interruption *. Parmi les Grecs d'Italie, on voit des tyrans à Cumes, à Crotone, à Sybaris, partout. A Syracuse, en 486, la classe inférieure se rendit maîtresse de la ville et chassa la classe aristocratique ; mais elle ne put ni se main- tenir ni se gouverner, et au bout d'une année elle dut se donner an tyran'.

Partout ces tyrans, avec plus ou moms de violence, avaient la même politique. Un tyran de Corinthe demandait un jour à un tyran de Milet des conseils sur le gouvernement. Celui-ci, pour toute réponse, coupa les épis de blé qui dépassaient les autres. Ainsi leur règle de conduite était d'abattre les hautes tètes et de frapper l'aristocratie en s'appuyant sur le peuple.

La plèbe romaine forma d'abord des complots pour rétablir Tarquin. Elle essaya ensuite de faire des tyrans et jeta les yeux tour à tour sur Publicola, sur Spurius Cassius, sur Manlius. L'accusation que le patriciat adresse si souvent à ecux des siens qui se rendent populaires ne doit pas être une

��1. Hérodote, V, 92. Aristote, Polit., V, 9, 22. Diodore, VE^ 2. Pausanias, II, 3-1 Nicolas de Damas, fr. 58.

2. Hérodote, I, 20; V, 67, 68; Aristote, Polit., III, S, S; V, 4, 5 ; V, •,4; Plutarque, Solon, 14.

2. Hérodote. VU, i»l. Diodort, XUL 23. Ariitote, V, 3, 6.

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