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832 LIVRE IV. LES RÉVOLUTIONS.

pour apaiser ces deux divinités dont l'influence maligné avait troublé les esprits'. Tout cela ne servit de rien. Lessenliments de haine ne furent pas adoucis. On fit venir de Crète le pieux Épiménide, personnage mystérieux qu'on disait fils d'une déesse ; on lui fit accomplir une série de cérémonies exjiiatoi- res \ on espérait, 'en frappant ainsi l'imagination du peuple raviver la religion et fortifier, par conséquent, Tarist ocratie Mais le peuple ne s'émut pas; la religion des eupatrides n'avait plus de prestige sur son âme ; il persista à réclamer des réformes.

Pendant seize années encore, ropposition farouche des pau- vres de la montagne et l'opposition patiente des riches du rivage firent une rude guerre aux eupatrides. A la fin, tout ce qu'il y avait de sage dans les trois partis s'entendit pour con- fie-r à Sqlon le soin de terminer ces querelles et de prévenir des malheurs plus grands. Solon avait la rare fortune d'ap- partenir à la fois aux eupatrides par sa naissance et aux commerçants par les occupations de sa jeunesse. Ses poésies nous le montrent comme un homme tout à fait dégagé des préjugés de sa caste; par son esprit conciliant, par son goût pour la richesse et pour le luxe, par son amour du plaisir, il est fort éloigné des .anciens eupatrides et il appartient à la nouvelle Athènes.

Nous avons dit plus haut que Solon commença par affran- chir la terre de la vieille domination que la religion des famil- les eupatrides avait exercée sur elle. Il brisa les chaînes de la clientèle. Un tel changement dans l'état social en entraînait un autre dans l'ordre politique. Il fallait que les classes inférieu- res eussent désormais, suivant l'expression de Solon lui- même, un bouclier pour défendre leur liberté récente. Ce bouclier, c'étaient les droits politiques.

Il s'en faut beaucoup que la constitution de Solon nous soit clairement connue ; il paraît du moins que tous les Athéniens firent désormais partie de l'Assemblée du peuple et que le

��i. Plutarque, Solon, 13 DioRèae I^«rc«. 1. lie. GiciroB, De U§., U, U. Albi

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