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hap. vu. phuukes de la ?lèbe. 333

Sénat ne fut plus composé des seuls eupatrides-, il paraît •Même que les archontes purent être nommés en dehors de l'ancienne caste sacerdotale. Ces grandes innovations renver* salent toutes les anciennes règles de la cité. Suffrages, magis Iratures, sacerdoces, direction de la société, il fallait que l'eupatride partageât tout cela avec l'homme de la caste infé- rieure. Dans la constitution nouvelle il n'était tenu aucuo compte des droits de la naissance ; il y avait encore des clas- ses, mais elles n'étaient plus distinguées que par la richesse*. Dès lors la domination des eupatrides disparut. L'eupatride ne fut plus rien, à moins qu'il ne fût riche ; il valut par sa richesse et non par sa naissance. Désormais le poëte put dire: « Dans la pauvreté l'homme noble n'est plus rien »; et le peu- ple applaudit au théâtre cette boutade du comique: « De quelle naissance est cet homme? — Riche; ce sont là aujour- 'd'hui les nobles*. »

Le régime qui s'était ainsi fondé avait deux sortes d'enne- mis : les eupatrides qui regrettaient leurs privilèges perdus, et les pauvres qui souffraient encore de l'inégalité. A peine Solon avait-il achevé son œuvre, que l'agitation

ecommença. « Les pauvres se montrèrent, dit Plutarque, les àjires ennemis des riches. » Le gouvernement nouveau leur

éplaisàit peut-être autant que celui des eupatrides. D'ailleurs, en voyant que les eupatrides pouvaient encore être archontes et sénateurs, beaucoup s'imaginaient que la révolution n'avait pas été complète. Solon avait maintenu les formes républicai- nes; or, le peuple avait encore une haine irréfléchie contre ces formes de gouvernement sous lesquelles il n'avait vu pendant quatre siècles que le règne de l'aristocratie. Suivant l'exemple de beaucoup de cités grecques, il voulut un tyran.

Pisistrate, issu des eupatrides, mais poursuivant un but d'ambition personnelle, promit aux pauvres un partage des terres et se les attacha. Un jour il parut dans l'assemblée, et

��t. Sur les quatre > liasses nouTelles et sur les T>)i^|m<iTa, Toy. Plutarque, Soio l3;Ari8tote, cité par Harpocralion, t* Vicnat; PoUuz, VIII, 139. S. Euripide, Ihénieiûnnjs, Alexia, dans Athénée, IV, 49.

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