Page:Fustel de Coulanges - La Cité antique, 1920.djvu/350

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suffrage, et où l’on ne distinguait presque plus le plébéien du. patricien*.

Toutes ces réformes changeaient singulièrement la face de la cité romaine. Le patriciat restait debout avec ses cultes héréditaires, ses curies, son sénat. Mais les plébéiens acqué- raient l’habitude de l’indépendance, la richesse, les armes, la religion. La plèbe ne se confondait pas avec le patriciat, mais elle grandissait à côté de lui.

11 est vrai que le patriciat prit sa revanche. Il commença par égorger Servius; plus tard il chassa Tarquin. Avec la royauté la plèbe fut vaincue.

Les patriciens s’efforcèrent de lui reprendre toutes les con- quêtes qu’elle avait faites sous les rois. Un de leurs premiers actes fut d’enlever aux plébéiens les terres que Servius leur avait données; et l’on peut remarquer que le seul motif allégué pour les dépouiller ainsi fut qu’ils étaient plébéiens*. Le patriciat remettait donc en vigueur le vieux principe qui voulait que la religion héréditaire fondât seule le droit de pro- priété, et qui ne permettait pas que l’homme sans religion et sans ancêtres pût exercer aucun droit sur le sol.

(. Il nous paraît incontestable que les comices par centuries n’étaient pas autre chose que la réunion de l’armée romaine. Ce qui le prouve, c’est l» que cette as- •emblée est souvent appelée Varmée par les écrivains latins : urbanus eœçpcilui, Varron, VI, 93; quum comitiorum causa exercitus educlus esset, Tite-Live, XXXIX, 15; miles ad suffragia vocalur et comitia cmturiata dicuntur, Am- ■élius, 48 ; 2» que ces comices étaient convoqués exactement cumme l’armée, quand éle entrait en campagne, c’est-a-dire au son de la irompelte (Varron, V, 91), deux étendards flottant sur la citadelle, l’un rouge pour appeler l’infanterie, l’autre vert foncé pour la cavalerie; 3" que ces comices se tenaient toujours aucliamp de Mars, parce que l’armée ne pouvait pas se réunir dans l’intérieur de la ville (Aulu-Gelle, XV, 27); 4° qu’ils se composaient de tous ceux qui portaient les armes (Dion Cassius, XXXVII, 28) et qu’il parait même qu’à l’origine on s’y rendit en armes (Denys, IV, 84, in fine); i" que l’on y était distribué par centuries, l’infanterie d’un côté, la cavalerie de l’autre; 6° que chaque centurie avait à sa tête son centurion et son enseigne, £<ntip Iv itoXc’iiu., Denys, VII, 59; 7° que les sexagénaires, ne faisant pas partie de l’armée, n’avaient pas non plus le droit de voter dans ces co- mices, au moins dons les premiers siècles: Macrobe, I, 5; Festus, y Depontani. Aiouton» que dans l’ancienne langue le mot dassis signifiait corps de troupe et que le mot ciniuria désignait une compagnie militaire. — Les prolétaires ne pariissaient pas d’abord dans cette assemblée; pourtant, comme il était d’usage qu’ils formassent dans l’armée une centurie employée aux travaux, iU pBnnt «usai iormer une centurie dans ces comices.

.>. CsmIus Hémina, dans Nonius, liv. II, t° Plevitas.