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��28 LIVRE I. Jk.NTlQUES CROYANCES.

��vjîcrrfa, Vesta; le nom fut le même en latin et en gi^ec, et ne fui pas d'ailleurs autre chose que le mot qui dans la langue com- mune et primitive désignait un autel. Par un procédé assei' ordinaire^ du nom commun on arait fait un nom propre. Une légende se forma peu à peu. On se figura cette divinité soua les traits d'une femme, parce que le mot qui désignait l'autel était du genre féminin. On alla même jusqu'à représenter cetta déesse par des statues. Mais on ne put jamais effacer la trace de la croyance primitive d'après laquelle celte divinité était simplement le feu de l'autel ; et Ovide lui-même était forcé de convenir que Vesta n'était pas autre chose qu'une « flamme rivante' ».

Si nous rapprochons ce culte du feu sacré du culte des morts, dont nous parlions tout à l'heure, une relation étroite nous apparaît entre eux.

Remarquons d'abord que ce feu qui était entretenu sur le foyer n'est pas, dans la pensée des hommes, le feu de la nature matérielle. Ce qu'on voit en lui, ce n'est pas l'élément pure- ment physique qui échauffe ou qui brûle, qui transforme les corps, fond les métaux et Se fait le puissant instrument de l'industrie humaine. Le feu du foyer est d'une tout autre nature. C'est un feu pur, qui ne peut être produit qu'à l'aide de cer- tains rites et n'est entretenu qu'avec certaines espèces de bois. C'est un feu chaste; l'union des sexes doit 'être écartée loin de sa présence*. On ne lui demande pas seulement la richesse et la santé ; on le prie aussi pour en obtenir la pureté du cœur, la tempérance, la sagesse. « Rends-nous riches et florissants, dit un hymne orphique; rends-nous aussi sages et chastes. » Tbe feu du foyer est donc une sorte d'être moral. Il est vrai qu'il brille, qu'il réchauffe, qu'il cuit l'aliment sacré ; mais en même temps il a une pensée, une conscience ; il conçoit des devoirs et veille à ce qu'ils soient accomplis. On le dirait homme, car il a de l'homme la double nature : physiquement, il resplendit, il se meut, il vit, il procure l'abondance, il prépare le repas, il nourrit le corps; moralement, il a des

1. Ovid», Fa*t., VI, 29i.

2. Hésiode, Opéra, 678-980. PluUrrue, Comm. mr Hétn tn$. 4i.

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