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GHAP. III. LE FEU SACRÉ. 29

sentiments et des affections, il donne à l'homme la pureté, il commande le beau et le bien, il nourrit l'âme. On peut dire qu'il entretient la vie humaine dans la double série de ses Toanifestations. 11 est à la fois la source de la richesse, de la santé, de la vertu. C'est vraiment le Dieu de la nature humaine. Plus tard, lorsque ce culte a été relégué au second plan par Brahma ou par Zeus, le feu du foyer est resté ce qu'il y avait dans le divin de plus accessible à l'homme ; il a été son intermédiaire auprès des dieux de la nature physique; il s'est chargé de porter au ciel la prière et l'offrande de l'homme et d'apporter à l'homme les faveurs divines. Plus tard encore, quand on fit de ce mythe du feu sacré la grande Vesta, Vesta fut la déesse vierge ; elle ne représenta dans le monde ni la fécondité ni la puissance -, elle fut l'ordre; mais non pas l'ordre rigoureux, abstrait, mathématique, la loi impérieuse et fatale, (iv(4Yx»], que l'on aperçut de bonne heure entre les phénomènes de la nature physique. Elle fut l'ordre moral. On se la figura comme une sorte d'âme universelle qui réglait les mouvements divers des mondes, comme l'âme humaine met la règle parmi nos organes.

Ainsi la pensée des générations primitives se laisse entre- voir. Le principe de ce culte est en dehors de îa nature phy- sique et se trouve dans ce petit monde mystérieux qui est l'homme.

Ceci nous ramène au culte des morts. Tous les deux sonV^ de la même antiquité. Ils étaient associés si étroitement que la croyance des anciens n'en faisait qu'une religion. Foyer, Démons, Héros, dieux Lares, tout cela était confondue On Toit par deux passages de Plante et de Golumèle que dans 1«  langage ordinaire on disait indifféremment foyer ou Lare domestique, et l'on voit encore par Cicéron que l'on ne distin- guait pas le foyer des Pénates, ni les Pénates des dieux Lares».

I. Tibnlle, II, 2. Horace, Odes, IV, il, 6. Ovide, Tritt., III, tj; v, 6. L.s Grecs donnaient à leurs dieux domestique! on héros l'épithète de iftrcMi ou

3. Plaute, Aulul., II, 7, 18 : In foeo noitro Lari, Golumèle, XI, I, i» : Iturmn f*cmw»qm familiartm, Gieéron, Pr0 domo, ki ; Pro Quinti», il, 23I

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