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CHAP. VIII. CHANGEMENTS DANS LE DROIT PRIVÉ. 369

ainsi au plébéien un droit privé, qui était analogue pour les effets au droit du patricien, quoiqu'il en différât beaucoup pour les principes.

A la coemptio correspond Vusus; ce sont deux formes d'ua même acte. Tout objet peut être acquis indifféremment de deux manières, par achat ou par usage; ii en est de même d^ la propriété fictive de la femme. Vusage ici, c'est la cohabita- tion d'une année ; elle établit entre les époux les mêmes liens de droit que l'achat et que la cérémonie religieuse. Il n'est sans doute pas besoin d'ajouter qu'il fallait que la cohabita- tioneût été précédée du mariage, au moins du mariage plébéien, qui s'effectuait par consentement et affection des parties. Ni la coemptio ni Vusus ne créaient l'union morale entre les époux; ils ne venaient qu'après le mariage et n'établissaient qu'un lien de droit. Ce n'étaient pas, comme on l'a trop sou- vent répété, des modes de mariage ; c'étaient seulement des moyens d'acquérir la puissance maritale et paternelle'.

Mais la puissance maritale des temps antiques avait des conséquences qui, à l'époque de l'histoire oîi nous sommes arrivés, commençaient à paraître excessives. Nous avons vu que la femme était soumise sans réserve au mari, et que le droit de celui-ci allait jusqu'à pouvoir l'aliéner et la vendre*. A un autre point de vue, la puissance maritale produisait encore des effets que le bon,sens du plébéien avait peine à comprendre; ainsi la femme placée dans la main de son mari était séparée d'une manière absolue de sa famille pûternelle, n'en héritait pas, et ne conservait avec elle aucun lien ni au- cune parenté aux yeux de la loi. Cela était bon dans le droit primitif, quand la religion défendait que la même personne fît partie de deux gentes, sacrifiât à deux foyers, et fût héri- tière dans deux maisons. Mais la puissance maritale n'était

1. Gaias, I, m : quœ anno continuo nupta p&rseverabat. La coemptio étal si peu ua mode de mariage que ta femme pouvait la conUactar avec ua autre qu«  •on mari, par exemple, avec un tuteur.

2. Gaius, l 117, 118. Que cette mancipatioo ne fût que Sctiie au temps de Gaius, c'est ce qui est hors de doute;, mais elle put être réelle à l'origine. Il n'en était p d'ailleurs du mariage par simple <}on$enj>u» comme du mariage Mcré, qui < 1 1 il ri Mira Us épooi ua lieu indissoluble

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