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870 LIVRE IV. LES RÉVOLUTIONS.

plus conçue avec cette rigueur et l'on pouvait avoir plusieurs

motifs excellents pour vouloir échapper à ces dures consé- quences. Aussi la loi des Douze Tables, tout en établissant qu la cohabitation d'une année mettrait la femme en puissance fut-elle forcée de laisser aux époux la liberté de ne pas con- tracter un lien si rigoureux. Que la femme interrompe chaque année la cohabitation, ne fût-ce que par une absence de trois nuits, c'est assez pour que la puissance maritale ne s'établisse pas. Dès lors la femme conserve avec sa propre famille un lien de droit, et elle peut en hériter.

Sans qu'il soit nécessaire d'entrer dans de plus longs dé- tails, on voit que le code des Douze Tables s'écarte déjà beau- coup du droit primitif. La législation romaine se transforme comme le gouvernement et l'état social. Peu k peu et presque à chaque génération, il se produira quelque changement nou- veau. A mesure que les classes inférieures feront un progrès dans l'ordre politique, une modification nouvelle sera intro- duite dans les règles du droit. C'est d'abord le mariage qui va être permis entre patriciens et plébéiens. C'est ensuite la loi Papiria qui défendra au débiteur d'engager sa personne au créancier. C'est la procédura qui va se simplifier, au grand profit des plébéiens, par l'abolition i'^.s actions de la loi. Enfin le Préteur, continuant à marcher dans la voie que les Douze Tables ont ouverte, tracera à côté du droit ancien un droit absolument nouvea:u, que la rel»«ion n'aura pas dicté et qui se rapprochera de plus en plus du droit de la nature.

Une révolution analogue • apparaît dans le droit athénien. On sait que deux codes de lois ont été rédigés à Athènes, à la distance de trente années, le premier par Dracon, le second par Selon., Celui de Dracon a été écrit au plus fort de la lutte entre les deux classes, et lorsque les eupatrides n'étaient paa encore vaincus. Selon a rédigé le sien au moment même où la classe inférieure l'emportait. Aussi les différences sont-elles grandes entre les deux codes.

Dracon était un eupatride -, il avait tous les sentiments de sa caste et o était instruit dans le droit religieux». Il ne paraît pas avoir fait autre chose que de mettre en écrit les vii^lles

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