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408 LIVRE IV. LES RÉVOLUTIONS.

entre dans la classe des Egaux devient par cela seul « un des maîtres du gouvernement' ». n On les appelle Egaux, dit-il encore, parce que l'égalité doit régner entre les membres d'une oligarchie. »

Ces Égaux avaient seuls les droits complets du citoyen; ils formaient seuls ce qu'on appelait à Sparte le peuple, c'est-à-dire le corps politique. De cette classe sortaient par voie d'élection les 28 sénateurs. Entrer au Sénat s'appelait dans la langue officielle de Sparte obtenir leprixde lavertu*. Nous ne savons pas ce qu'il fallait de mérite, de naissance, de richesse, pour composer cette vertu. On voit bien que la naissance ne suffisait pas, puisqu'il y avait au moins un semblant d'élection*; on -peut croire que la richesse devait compter pour beaucoup, dans une ville « qui avait au plus haut degré +' amour de l'argent et où tout était permis aux riches* ».

Quoi qu'il en soit, ces sénateurs, qui étaient inamovibles, jouissaient d'une bien grande autorité, puisque Démosthène dit que le jour où un homme entre au Sénat, il devient un despote pour la foule*. Ce sénat, dont les rois étaient de simples membres, gouvernait l'Etat suivant le procédé habi- tuel des corps aristocratiques; des magistrats annuels dont l'élection lui appartenait indirectement exerçaient en son nom une autorité absolue. Sparte avaitainsi un régime républicain; elle avait même tous les dehors de la démocratie, des rois- prêtres, des magistrats annuels, un sénat délibérant, une as- semblée du peuple. Mais ce peuple n'était que la réunion de deux ou trois centaines d'hommes.

Tel fut depuis Lycurgue, et surtout depuis l'établissement des éphores, le gouvernement de Sparte. Une aristocratie

��1. Démosthène, m Lepttnem, 107.

2. 'aSXov ou vixTi-njpiov tHi àjiT);;. Afistote, n, d, 16 ; Démosthène, «n Lept., iVt riutarque, Li/cur-gue, 26.

3. Aristote, Polit., II, 6, 18, qualifie ce mode d'élection d« puéril, «aiJ«fii»i iii; il est décrit par Plutarque, Lycurgue, 26.

4. Aristote, Polit., II, 6, b; V, 6, 7.

b. Oémosthéne, in Leplin,, 107. Xénophon. Gouv. it Lacid., !•.

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