Page:Fustel de Coulanges - La Cité antique, 1920.djvu/417

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

CHAP. XIII. RÉVOLUTIONS DE SPARTE. 409

composée ùi, quelques riches, faisait peser un joug de fer sur les Hilotes, sur les Laconiens, et même sur le plus grand nombre des Spartiates. Par son énergie, par son habileté, par son peu de scrupule et son peu de souci des lois morales, elle Biit garder le pouvoir pendant cinq siècles. Mais elle suscita de cruelles hames et eut èi réprimer un grand nombre d'insur- rections.

Nous n'avons pas à parler des complots des Hilotes. Tous ceux des Spaitiates ne nous sont pas connus; le gouvernement était trop h&bile pour ne pas chercher à en étouffer jusqu'au souvenir, il en est pourtant quelques-uns que l'histoire n'a pas pu oublier. On sait que les colons qui fondèrent Tarente étaient des Spartiates qiii avaient voulu renverser le gouverne- ment. Une indiscrélion du poëte Tyrtée fit connaître à la Grèce que pendant les guerres de Messénie un parti avait con- spiré pour ol3 tenir le partage des terres'.

Ce qui sauvait Sparte, c'était la division extrême qu'elle savait mettre entre les classes inférieures. Les Hilotes ne s'accordaient pas avec les Laconiens; les Mothaces méprisaient les Néodamodes. iSulle coalition n'était possible, et l'aristo- cratie, grâce à son /éducation militaire et à l'étroite union de ses membres, était toujours assez forte pour tenir tête à cha- cune des classes ennemies.

Les rois essayèrent ce qu'aucune classe ne pouvait réaliser. Tous ceux d'entre eux qui aspirèrent à sortir de l'état d'infé- riorité où l'aristocratie les tenait cherchèrent un appui chez les hommes de condition inférieure. Pendant la guerre médique, Pausanias forma le projet de relever à la fois la royauté et les basses classes, en renversant l'oligarchie. Les Spartiates le firent périr, l'accusant d'avoir noué des relations avec le roi de Perse ; peut-être son vrai crime était-il d'avoir eu la pensée d'affranchir les Hilotes*. On peut compter dans l'histoirecombien sont nombreux les rois qui furent exilés par les éphores; la cause de ces condamnations se devine bien, et Aristote la dtt-

��1. ArUtoU, Politique, \','6, 2.

2. IdMQ, ibid., V, 1, i. ThucTdids, I, 11, 2.

�� �