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416 LIVRE V. LE RÉGIME .MUNICIPAL DISPARAIT.

Il nous reste à dirn comment ce régime a disparu, c'est-k- dire comment, le principe d« l'association humaine étant changé, le gouvernement, la religion, le droit, ont dépouillé ce caractère municipal qu'ils avaient eu ians l'antiquité.

La ruine du régime politique que la Grèce et l'Italie avaient créé peut se rapporter à deux causes prlncipalps. L'une ap- partient à l'ordre des faits moraux et intellectue/s, l'autre à l'ordre des faits matériels; la' première est la transformation des croyances, la seconde est la conquête romaine. Ces deux grands faits sont du même temps; ils se sont développés et accomplis ensemble pendant la série de cinq siècles qui pré- cède l'ère chrétienne.

La religion primitive, dont les symboles étaient la pierre immobile du foyer et le tombeau des ancêtres, religion qui avait constitué la famille antique et organisé ensuite la cité, s'altéra avec le temps et vieillit. L'esprit humain grandit en force et se fit de nouvelles croyances. On commença à avoir l'idée de la nature immatérielle ; la notion de l'âme humaine se précisa, et presque en même temps celle d'une intelligence divine surgit dans les esprits.

Que dut-on penser alors des divinités du premier âge, de ces morts qui vivaient dans le tombeau, de ces dieux Lares qui avaient été des hommes, de ces ancêtres sacrés^qu'il fallait continuer à nourrir d'aliments? Une telle foi devint impossible. De pareijles croyances n'étaient plus au niveau de l'esprit hU' main. Il est bien vrai que ces préjugés, si grossiers qu'ila fussent, ne furent pas aisément arrachés de l'esprit du vul» gaire; ils y régnèrent longtemps encore; mais dès le cinquième siècle avant notre ère les hommes qui rénéchissaient s'étaient affranchis de ces erreurs. Ils comprenaient autrement la tnort; les uns croyaient à l'anéantissement, les autres à une se- conde existence toute spirituelle dans un monde des âmes; dans tous les cas ils n'admettaient plus que le mort vécût dans la tombe, se nourrissant d'offrandes. On commençait aussi à se faire une idée trop haute du divin pour qu'on pût persister k croire que les morts fassent des dieux. On se figu- rait, aa contraire, l'âme humaine allant chercher dans les

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