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CHAP. III. LE CHRISTIANISME. 457

de la politique furent alors changés, il suffit de se rappeler que l'ancienne société avait été constituée par une vieille reli- gion, dont le principal dogme était que chaque dieu protégeait exclusivement une famille ou une cité, et n'existait que pour elle. C'était le temps des dieux domestiques cl bs divinités poliades. Cette religion avait enfanté le droit: les relatiors entre les hommes, la propriété, l'héritage, la procédure, tout s'était trouvé réglé, non par les principes de l'équité naturelle, mais par les dogmes de cette religion et en-vue des besoins de son culte. C'était elle aussi qui avait établi un gouverne- ment parmi les hommes : celui du père dans la famille, celui du roi ou du magistrat dansla cité. Tout était venu de la reli- gion, c'est-à-dire de l'opinion que l'homme s'était faite de la divinité. Religion, droit, gouvernement s'étaient confondus et n'avaient été qu'une même chose sous trois aspects divers.

Nous avons cherché à mettre en lumière ce régime social des anciens, où la religion était maîtresse absolue dans la vie privée et dans la vie publique : où l'État était une communauté religieuse, le roi" un pontife, le magistrat un prêtre, la loi une formule sainte; où le patriotisme était de la piété, l'exil une excommunication ; où la liberté individuelle était inconnue, où l'homme était asservi à l'Etat par son âme, par son corps, par ses biens -, où la haine était obligatoire contre l'étrang-er, où la notion du droit et du devoir, de la justice et de l'affeclion s'arrêtait aux limites de la cité; où l'association humaine était nécessairement bornée dans une certaine circonférence autour d'un prytanée, et où l'on no voyait pas la possibilité de fonder des sociétés plus grandes. Tels furent les traits caractéristiques des cités grecques et italiennes pendant la première période de leur histoire.

Mais peu à peu, nous l'avons vu, la société se modifia. Des changements s'accomplirent dans le gouvernement et dans le droit, en même temps que dans les croyances. Déjà, dans les cinq siècles qui précèdent le christianisme, l'alliance n'était plus aussi intime entre la religion d'une part, le droit et la politique de l'autre. Les efforts des classes opprimées, le ren- versement de la caste sacerdotale, le travail des philosophes.

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