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M LIVRE II. LA FAMILLB.

Punion conjugale est autre chose qu'un rapport de sexes et une affection passagère, et elle a uni deux époux par le lien puissant du même culte et des mêmes croyances. La céré- monie des noces était d'ailleurs si solennelle et produisait de si graves effets qu'on ne doit pas être surpris que ces hommes ne l'aient crue permise et possible que pour une seule femme dans chaque maison. Une telle religion ne pouvait pas admettre la polygamie.

On conçoit même qu'une telle union fût indissoluble, et que le divorce fût presque impossible *. Le droit romain permettait aisément de dissoudre le mariage pai coemptio on purttsus; mais la dissolution du mariage religieux était fort difficile. Pour cette rupture, une nouvelle cérémonie sacrée était nécessaire; car la religion seule pouvait délier ce que la religion avait uni. L'effet de la confarreatio ne pouvait être détruit que par la diffarreatio. Les deux époux qui voulaient se séparer parais- saient pour la dernière fois devant le foyer commun ; un prêtre et des témoins étaient présents. On présentait aux époux, comme au jour du mariage, un gâteau de fleur de farine *. Mais, probablement, au lieu de se le partager, ils le repous- saient. Puis, au lieu de prières, ils prononçaient des formules « d'un caractère étrange, sévère, haineux, effrayant' », une sorte de malédiction par laquelle la femme renonçait au culte et aux dieux du mari. Dès lors, le lien religieux était rompu. La communauté du culte cessant, toute autre communauté cessait de plein droit, et le mariago était dissous.

��1. Au moins à l'origine. Dsnys d'HaltcarDasse, II, 3&, dit expressémeot qne pien ne pouvait dissoudre un tel mariage. — La faculté da diforce parait g'ètr* introduite d'assez bonne heure dans le droit attique.

2. Festus, T. Diffarreatio. Pollux, III, c. 3 «no-onTiV.. On lit dans mip ins- plion : Sacerdos confarreationum et diffarreationum. Orelli, ■• vdi.s.

. *fMiàiri. iXXinotm., nvtfiitft». Plutarqoe, QueM. rom., i6.

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