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72 LIVRE II. LA FAMILLE.

Le Terme une fois posé suivant les rites, il n'était auenne puissance au monde qui pût le déplacer. Il devait rester au même endroit de toute éternité. Ce principe religieux était exprimé à Rome par une légende : Jupiter, ayant voulu se ftire une place sur le mont Gapitolin pour y avoir un temple, n'avait pas pu déposséder le dieu Terme. Cette vieille tradition mon- tre combien la propriété était sacrée ; car le terme immobile ne signifie pas autre chose que la propriété inviolable.

Le Terme gardait, en effet, la limite du champ, et veillait sur elle. Le voisin n'osait pas en approcher de trop près : « car alors, comme dit Ovide, le dieu, qui se sentait heurté par le soc ou le hoyau, criait: Arrête, ceci est mon champ, voilà le tien y> <• Pour empiéter sur le champ d'une famille, il fallait renverser ou déplacer une borne : or, cette borne était un dieu. Le sacr> lége était horrible et le châtiment sévère; la vieille loi romaine disait: «S'il a touché le Terme du soc de sa charrue, que l'homme et ses bœufs soient voués aux dieux infernaux*»; cela signifiait que l'homme et les bœufs seraient immolés en expiation. La loi Étrusque, parlant au nom de la religion, s'exprimait ainsi : o Celui qui aura touché ou déplacé la borne sera condamné par les dieux; sa maison disparaîtra, sa race s'éteindra; sa terre ne produira plus de fruits; la grêle, la rouille, les feux de la canicule, détruiront ses moissons; les membres du coupable se couvriront d'ulcères et tomberont de consomption»*.

Nous ne possédons pas le texte de la loi Athénienne sur le même sujet; il ne nous en est resté que trois mots qui signi- fient: aNe dépasse pas la borne ». Mais Platon paraît complé- ter la pensée du législateur quand il dit: a Notre première loi doit être celle-ci: Que personne netoudie à la borne qui sépare ton champ de celui du voisin, car elle doit rester immobile.

��tradaisent terminui par ô;o;. D'ailleurs, te mot xifiun eiisUit aussi dans la langM grecque (Euripide, Electre, 96).

1. Ovi'le, Fast., II, 677.

2. Feslus, v Tennin-us, éd. Muller, p. SM : Qui Urminutji eaaraêêet, M ip$um et boves tacros esse.

3. Beript. rei agrar., édit. Goez. V. 36S ; éd. Lacbmann, p. Ml.

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