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CHAP. TU. L8 DROIT DE SUCCESSION. 83

La nécessité de satisfaire à la religion, combinée avec le désir de sauver les intérêts d'une fille unique, fit trouver un autre détour. Sur ce point-ci le droit hindou et le droit athénien se rencontraient merveilleusement. On lit dans les Lois de Manou: « Celui qui n'a pas d'enfant mâle peut charger sa fille de lui donner un fils qui devienne le sien et qui accomplisse en son honneur la cérémonie funèbre. » Pour cela, le père doit pré- venir l'époux auquel il donne sa fille, en prononçant cette for- mule : « Je te donne, parée de bijoux, cette fille qui n'a pas de frère; le fils qui en naîtra sera mon fils et célébrera mes obsèques* ». L'usage était le même à Athènes ; le père pouvait faire continuer sa descendance par sa fille, en la donnant à un mari avec cette condition spéciale. Le fils qui naissait d'un tel mariage était réputé fils du père de la femme; il suivait son culte, assistait à ses actes religieux, et plus tard il entretenait son tombeau'. Dans le droit hindou cet enfant héritait de son grand-père comme s'il eût été son fils; il en était exactement de même à Athènes. Lorsqu'un père ivait marié sa fille unique de la façon que nous venons de dire, son héritier n'était ni sa fille ni son gendre, c'était le fils de la fille^. Dès que celui-ci avait atteint sa majorité, il prenait possession du patrimoine de son grand-père maternel, quoique son père et sa mère fussent encore vivants*.

Ces singulières tolérances de la religion: et de la loi confir- ment la règle que nous indiquions plus haut. La fille n'était pas apte à hériter. Mais par un adoucissement fort naturel de la rigueur de ce principe la fille unique était considérée comm< un intermédiaire par lequel la famille pouvait se continuer. Elle n'héritait pas, mais I0 cuIIa at l'héritage se transmettaient par elle.

��1. Loia de ilanou, IX, 127, 136. Vasishta, XVII, 16.

3. Isée, De Cironis hereditate, 1, 15, 16, 21, 24, 25, 27.

S. Oa ne l'appelait pas petit-Sis; on lui donnait le nom particulier de tvim.Tfiioi%,

4. Isée. De CironU her., Il ; De Aritt. h«r., 13. Dimoetbint in Stephanntn 1,30.

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